Le Petit Train des Côtes-du-Nord
Le Petit Train
Toutes les cartes postales sur lesquelles on peut voir le Petit Train circuler.
9 cartes (reprises d'autres sections du site) et 15 photographies
Diaporama
Une présentation PowerPoint du Petit Train réalisée par un certain JPL en 2012, et complétée avec plus de cartes et photos par moi-même, illustrant les réseaux Saint-Brieuc — Plouha et Plouha — Paimpol. Si l'auteur original se reconnaît, qu'il me fasse connaître son nom afin que je puisse le créditer de son travail.
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Après la reprise par le Département de la concession du second réseau à la société des Chemins de fer armoricains (CFA), est formée une nouvelle société qui prend le nom de Régie départementale des Côtes du Nord en 1921. La mise en service des 19 km de la ligne Paimpol—Plouha débuta en 1922, le 11 juillet pour être exact (voir également la page sur le Viaduc). Le Petit Train circula jusqu'au 31 décembre 1956, date de son dernier voyage, et la ligne fut déclassée le 27 janvier 1958.
Cette date estivale d'ouverture de la ligne correspond parfaitement à l'idée de ce réseau côtier, qui avait non seulement pour but de mieux couvrir le département et de faciliter le transport de marchandises, mais également de développer le tourisme. C'est aussi pour cela que la ligne suit de près la côte afin que le train puisse déposer les voyageurs à côté des plages. Parfois, la ligne est tellement proche de la plage que certaines marées hautes peuvent recouvrir les rails, comme c'était le cas à Binic. Dans les années 20, sont même mis en place des trains supplémentaires les dimanches et durant l'été avec des billets « bains de mer » ! La station balnéaire de Bréhec connaît son essort dans les années 30, non seulement grâce à l'arrivée des congés payés en 1936, mais en grande partie grâce à cette ligne , qui a permis aux autochtones de se rendre pour la première fois au bord de la mer, alors qu'ils n'habitaient qu'à quelques kilomètres à l'intérieur des terres. À cet égard, les stations de Binic et Saint-Quay-Portrieux ont pareillement bénéficié de la ligne Saint-Brieuc—Plouha du premier réseau, les Briochins prenant l'habitude d'y venir passer la journée dès les beaux jours. En 1922, les locomotives à vapeur sont des Corpet-Louvet 030T (photo ci-contre, source inconnue ; cliquer pour l'agrandir) prévues pour pouvoir tirer jusqu'à 10 voitures transportant un maximum de 720 passagers. En réalité, ce sont deux ou trois voitures passagers que l'on voit sur les vieux clichés, avec parfois un ou deux wagons couverts ou tombereaux pour les marchandises, ou encore un fourgon pour les colis et les bagages. Je vous invite à lire le PDF de l'édition spéciale réalisée par le Département pour les 100 ans du réseau, lien ci-dessous, pour en découvrir plus sur les années d'exploitation et le pourquoi de l'arrêt du réseau.
Au cours de l'exploitation de la ligne, plusieurs accidents eurent lieu, dont deux à Bréhec, heureusement sans gravité : le premier à l'arrêt de Bréhec, où le train 5 a tamponné le train 105 qui se trouvait à l'arrêt ; le deuxième, un déraillement survenu au niveau de la passerelle de Pont Huon, celle où il est encore possible de voir quelques restes des piles. Vous pouvez agrandir les photos ci-dessous. Photo n⁰1 (© AD22), rapport d'accident du 13 août 1946. Photo n⁰ 2 (© AD22), rapport d'accident du 1er juin 1947. Photo n⁰ 3, cliché d'André Crance du 13 août 1946 sur l'incident à Pont-Huon.
En ce qui concerne les carte postales et photos présentées ici, les cartes n⁰ 1 et 2 datent des années 20, tandis que la n⁰ 3 montre la « halte » de Bréhec en 1931. La différence entre une halte et une gare, comme celle de Lanloup, est que la première est conçue comme un simple embarcadère/débarcadère de voyageurs, sans vente de billets. Selon le Dictionnaire Culturel en Langue Française dans son édition 2005, la « halte est un point d'arrêt sur une ligne où le train ne prend que les voyageurs, sans que soit prévu un temps d'arrêt déterminé ». Cette halte était construite en brique et béton armé (ou sidéro-ciment dans le parler de l'époque), les voyageurs étant plutôt mieux lotis à Bréhec puisque qu'un bon nombre de petites haltes du réseau n'avaient qu'un simple abris rudimentaire en bois, peu protecteur contre les éléments. Les voyageurs prenant le train à Bréhec s'adressaient au receveur qui leur délivrait un billet écrit à la main avec son carnet à feuille carbone. C'est pour cela qu'il n'existe pas de billet de train en carton imprimé Bréhec comme point de départ.
Les cartes n⁰ 4 et 5 furent éditées dans les années 70, à partir de clichés pris en 1956, par les Éditions Landouar de Saint-Quay et référencées au dos comme « 31 décembre 1956, son dernier voyage ». Le dernier voyage fut bien effectué par une locomotive à vapeur, comme la vidéo ci-dessous le montre. Au cours des dernières années d'exploitation, le Petit Train n'est plus à vapeur. La Corpet-Louvet est remplacée par un autorail Renault ABH6 avec remorque Brissoneau et Lotz, comme présenté sur les cartes n⁰ 6 (La Cigogne), n⁰ 7 (Waron), n⁰ 8 (Lucien de 1949) et n⁰ 14, un cliché BVA du 1er mai 1955. Les photographies n⁰ 9, 10 et 11 sont des clichés datés de juillet 1948 et pris par le photographe P. Laurent. Elles montrent la locomotive Corpet-Louvet 030T de 20,5 tonnes (surnommée « Lulu »), sans doute lors de l'un de ses derniers voyages car l'autorail commence à circuler courant 1948. La photographie n⁰12 est intitulée « En route pour Bréhec » et datée de 1946, auteur inconnu. Le cliché couleur n⁰12 montre la Corpet-Louvet n⁰ 39, auteur, lieu et date inconnus. Le cliché n⁰ 13 montre la traversée du viaduc vers Paimpol par l'autorail De Dion-Bouton OC1 dans les années 50, édité par l'ACFCdN (site de l'association ici). En ce qui concerne ce dernier, le réseau en exploita deux sous les numéro 14 et 15 jusqu'à la fermeture de la ligne, surnommés Titine et Nénette. Néanmoins, c'est le Renault ABH6 qui effectuait les trajets la plupart du temps, les OC1 étant affectés principalement à la liaison Paimpol-Guingamp. La photo n⁰ 16 provient de la famille Porcheron, propriétaire-gérant de l'Hôtel Beau-Rivage. L'autorail tracte 2 wagons, ce qui représente le convoi standard lorsque cette photographie est prise au début des années 50, contrairement au cliché n⁰ 17 (auteur inconnu) qui doit dater de 1955/1956, soit peu de temps avant la fermeture du réseau, car la motrice circule cette fois-ci sans wagon, indicatif du peu de fréquentation de la ligne à ce moment-là. Les quatre clichés suivants sont de source inconnue mais datent également des années 50. Cliché n⁰ 18, l'autorail traverse vers Plouha devant l'Hôtel Beau-rivage; sur la photo, la voiture en bas à droite est la 403 camionette du poissonnier Le Louarn, sans doute en train de livrer l'Hôtel de la Plage. L'autorail est arrêté à la halte de Bréhec sur la photographie n⁰ 19, là où aujourd'hui se situe l'armoire électrique et le panorama récemment aménagé. À cette époque, la route de la Corniche n'est pas encore goudronnée ! Le cliché n⁰ 20 est pris non loin de la pension de Joséphine Hamon sur la gauche, À l'abri de la tempête. Le grand parking qui n'existe pas encore se situe aujourd'hui juste en face. Le cliché en couleur, photographie n⁰ 21, date de 1956. C'est l'une des rares occasions de voir l'autorail en couleur ! Enfin, les photographies n⁰ 22 et 23 de l'autorail en gare de Lanloup datent d'août 1956 et sont des clichés estampillés Bazin, et on reconnaît sur la photographie n⁰ 24 la gare de Lanloup (cliché de Jean-Yves Rolland), une restauration magnifique terminée en 2006 par Hervé Cosse, dont l'entreprise de terrassement est située juste derrière. Merci à lui d'avoir sauvegardé ce patrimoine local.
Plan de la station de Plouha de novembre 1913, © ADAGP IVR53_19842200035P.
Lors du dernier voyage le 31 décembre 1956, la population fait la fête pour dire au revoir au Petit Train. Le Paimpolais Pierre Le Guistin, alors âgé de 9 ans, partage ses souvenirs de cette journée dans Le Télégramme du 2 novembre 2006 pour marquer l'exposition du cinquantenaire :
« J'avais entendu des copains parler de ce 31 décembre 1956. Ce sera le dernier voyage Paimpol-Saint-Brieuc du petit train des Côtes-du-Nord. Et il y aura la fête. »
« Pour ne pas manquer l'événement, je me suis "échappé" de chez moi pour rejoindre la gare ferroviaire (qui est à l'actuelle place de la gare routière). J'ai été frappé par l'affluence; il y avait du monde partout, du parking jusqu'à la rivière Le Quinic. Il faisait un beau soleil d'hiver, je suis resté là, à regarder le train vapeur partir, à l'accompagner le long de la rue de la gare. Les copains n'avaient pas menti. C'était la fête; l'ambiance était conviviale ! »
« À l'époque je prenais régulièrement le petit train, pendant les vacances d'été, pour me rendre au Questel. Une vingtaine de minutes de bonheur. La traversée n'était pas des plus confortables, ça bougeait de partout. Mais que c'était beau. Je passais mon temps debout, à regarder par la fenêtre, toujours du côté de la mer. On passait derrière Beauport, puis par Kérity, le Cruckin... On longeait le bord de l'eau, on surplombait les maisons et les jardinets. Sur la rude montée de Guillardon avant d'arriver à Plouézec, la locomotive tirait dur au point que je me rappelle de voir les voitures sur le bord de la route, nous dépasser. Et le souvenir le plus impressionnant que je garde en mémoire, est la traversée des passerelles, comme celle de Beauport ! Ces dernières avaient la particularité d'être plus étroites que la carrosserie du wagon, donc nous ne distinguions plus la voie. Et avec mes yeux d'enfant, je ne voyais que le vide sous le train. Alors, j'avais l'impression de voler ! ».
Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur le Petit Train, les ouvrages recommandés sont :
Jacqueline Cantaloube, Il était une fois... le Petit Train des Côtes-du-Nord, ACFCdN, 2005 (ISBN 2-9511761-4-7)
Alain Cornu, Le Petit Train des Côtes-du-Nord, Cénomane, 1987 (ISBN 2-905596-22-8)
Laurent Goulhen, L'album du Petit Train des Côtes-du-Nord, AFCCnD, 2005 (ISBN 2-9511761-3-9)
ainsi que le hors-série n⁰ 4 de mai 2005 du magazine Côtes-d'Armor, Un train nommé souvenirs... que vous pouvez consulter en cliquant ici, publié à l'occasion du centenaire du Petit Train des Côtes-du-Nord.
Il existe également un DVD (stock épuisé) de 2006 intitulé La grande épopée du Petit Train des Côtes-du-Nord, édité par l'Association des Chemins de Fer des Côtes-du-Nord, dont vous pouvez trouver le site Web en cliquant ici. Un extrait correspondant au dernier voyage est présenté dans la première vidéo ci-dessous, mise en ligne sur la page YouTube de l'association.
À ce propos, le musée de la Briqueterie à Langueux héberge du matériel roulant et présente un historique du Petit Train, en collaboration avec l'Association des Chemins de fer des Côtes-du-Nord (ACFCdN). Musée de la Briqueterie : 02 96 63 36 66, site Web ici.
Les deux fichiers graphiques ci-dessous présentent le tracé de la ligne Paimpol—Plouha et sa traversée de Bréhec, des images sur lesquelles vous pouvez cliquer afin de les agrandir plus en détail. À partir du haut de l'escalier en béton qui amène à la plage de Bréhec, lorsque vous prenez le nouveau GR34 en direction du Vieux-Bréhec (le sentier originel se trouvait plus bas), vous vous promenez par endroits là où passait la ligne de chemin de fer. Au niveau du Vieux-Bréhec, il reste encore quelques vestiges des ouvrages d'art et du tracé de la ligne.
Enfin, je vous conseille de visionner les deux vidéos qui terminent ces commentaires, hébergées par la Cinémathèque de Bretagne, dont le site Web est ici. Sa mission est de collecter, restaurer, conserver et diffuser les films et vidéos, avec un fonds qui atteint aujourd'hui les quelques 32 000 documents. Si vous avez des films anciens et vous ne savez quoi en faire, ou n'êtes pas en mesure d'en faire des transferts sur un médium moderne, et bien vous savez maintenant où vous adresser !
Cliquer sur l'image du film pour être redirigé vers la page permettant de lancer le film. Si la première est entièrement consacrée au Petit Train, la deuxième comporte une section sur la démolition du Viaduc.
Extrait du DVD "La grande épopée du Petit Train des Côtes-du-Nord"
À la cinémathèque...
Le premier film est le dernier voyage du Petit Train en ce 31 décembre 1956. Les journaux de l'époque racontent la foule massée le long des voies sur tout le trajet pour saluer une dernière fois 'Lulu', ressortie pour l'occasion. Les wagons sont bondés, la Corpet-Louvert est parée de drapeaux, les enfants courent derrière le train... Même sans le son, l'émotion est bien là. À partir de 4'42", c'est la dernière traversée du viaduc de Bréhec dans ce sens, la halte en brique, le courbe vers Run Héliou et Le Questel... puis la descente sur Kérity et l'arrivée à la gare de Paimpol. On voit également les machinistes tourner la loco afin qu'elle reparte vers son dépôt de Saint-Brieuc. Retraversée du viaduc avec de belles images en couleur, arrêt à Lanloup puis Plouha, Saint-Quay, Binic... Un document exceptionnel !
Le deuxième film nous permet de voir les trains en gare de Saint-Brieuc, la ligne jusqu'à la gare de Binic. Ensuite, le dernier voyage du petit train (à partir de 7'06") dans les Côtes-du-Nord, du viaduc de Souzain à la gare de Bréhec, de la gare de Plouha à Saint-Brieuc. Passage de plusieurs viaducs dont celui de Bréhec à partir de 1'42", puis de 11'24".
En voiture...
Je me fais le plaisir de vous présenter quelques babioles de ma collection que certains d'entre-vous n'ont peut-être jamais vues... des billets du Petit Train ! Le plus vieux date de 1929, tous les autres ayant été compostés en 1956, année d'arrêt du Petit Train. En avez-vous d'autres ?
Cliquer sur un billet pour l'afficher en plus grande taille.
Anecdotes...
Cliquez sur les images pour les agrandir et lire l'article.
• La première photographie, prise par René Brugier en 1956, montre la campagne d'affichage réalisée par Monsieur Andro, employé de la Régie CFCdN, pour essayer de sauver le Petit Train. Les anciens en parlaient avec émotion et à voir la foule massée le long des voies lors du dernier voyage en décembre 1956, locaux comme estivants ont beaucoup regretté sa disparition.
Merci de me contacter si vous avez conservé des coupures de presse de cette époque.
• La coupure de presse et la photographie ci-contre m'ont été fournies par Loïc Minson qui fut à l'origine de la sauvegarde d'un des wagons originaux du Petit Train. Grâce à lui, l' Association des Chemins de Fer des Côtes-du-Nord a pu récupérer cette caisse de voiture à Lanloup en août 2013, laquelle a rejoint les deux modèles Horme et Buire provenant de Bréhec et ajoutés au stock, l'un en 2001 et l'autre en 2015. Malheureusement, toujours en attente de restauration, ces trois wagons ne sont pas encore exposés au musée de la Briqueterie.
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