Armand Waron page 3
Parmi les premiers conducteurs des Côtes-du-Nord
En haut de la page 1, vous avez pu voir une photographie d' Armand Waron avec sa bicyclette, une photo de la dernière décennie du 19e siècle. Sans doute un outil de travail lorsqu 'il commence à prendre ses premiers clichés. Toutefois, Waron se rend compte très vite que d' avoir un mode de transport plus rapide, permettant d' emporter avec lui un matériel encombrant, va l' autoriser à voyager au-delà de la circonscription de Saint-Brieuc avec plus de facilité. C' est la raison pour laquelle nous avons des clichés Waron du début du 20e siècle en provenance de lieux éloignés de Saint-Brieuc et non sourcés auprès de confrères. Certes, Saint-Brieuc est desservie par le train, qui permet de se rendre dans les grandes villes de la région, Lannion, Morlaix, Brest, mais le P'tit Train n' est pas encore en service, ce qui pose la question de savoir comment se rendre dans les villages et bourgades qui ne bénéficient pas encore d'un service de transport. Waron investit donc en 1898 dans un tricycle à pétrole De Dion de 3/4 de cheval. Dans un article de 1937, il relate de manière anecdotique être le plus vieux conducteur des Côtes-du-Nord, titulaire de la carte n⁰ 318 de la Fédération Nationale des Clubs Automobiles de France, ce qui lui confère la dignité de 'vétéran du volant'.
Le tricycle De Dion-Bouton (photo © Science Museum Group Collection) fut le véhicule à moteur le plus vendu en Europe avec environ 15 000 exemplaires vendus entre 1897 et 1910. Né de l'association entre Georges Bouton, le mécanicien, et le marquis Albert De Dion en 1894, la firme de Puteaux produira par la suite des vélos et des autos jusque vers 1925. La déclaration de Waron confirme qu 'il est le propriétaire du premier modèle de tricycle, muni d'un monocylindre vertical 4 temps de 185 cm3 produisant 0,75 hp. La fiche technique précise que le moteur à pétrole possède une soupape d' admission automatique, une soupape d' échappement commandée, un allumage par brûleur et tube incandescent, avec accumulateur, bobine, rupteur et bougie, un carburateur à léchage. Il n' y a ni embrayage, ni changement de vitesse, la transmission aux roues arrière se faisant au moyen d' un différentiel. Le cadre est tubulaire, sans suspension, pour un poids en ordre de marche de 76 kg. La consommation est d' environ 3l/100km. La publicité de l' époque mentionne qu' il est possible de gravir une côte de 5% sans l' aide des pédales et d' atteindre une vitesse maximum entre 30 et 35 km/h. Dans l' article de 1937, Waron déclare que, malgré tout, « il devait pédaler dans les côtes ! ».
En 1902, les affaires sont fructueuses. La Revue hebdomadaire de septembre précise p. 61 que « M. Armand Waron, de Saint-Brieuc, qui s’ occupe de la Bretagne, a vu son chiffre d’ affaires augmenter dans des proportions qu’ il est intéressant de relever : en 1899, 16 000 ; en 1900, 190 000, et en 1901, 475 000, représentant environ 500 vues, ce qui donne un tirage de 1 000 cartes par vue » (BnF, département Litérature et art, 8-Z-13581). Ainsi, Waron peut se permettre de s' acheter une automobile, que l' on peut voir en 1903 trônant fièrement devant les Établissements Waron de la rue Saint-Symphorien au Val André sur la carte n⁰ 2497 (carte n⁰ 1). Il s' agit d'une Ader Type A de 1902 de 8 cv, 904 cc, bicylindre en V et 2 vitesses (photos n⁰ 3 à 6 © Bonhams, 2017). La société Ader est fondée en 1880 par Clément Ader (1841-1925), pionnier de l' aviation avec son vol de 50 m à bord de l' Éole, qui fit fortune dans l' installation du réseau téléphonique dans Paris après avoir amélioré l' invention d'Alexander Graham-Bell, mais fut prononcé en faillite après de gros investissements dans l'aviation sans résultat probant et l'arrêt des financements de l'État français suite à l'échec du vol de l'Avion III en 1897. La société S.I.T. devient titulaire des brevets Ader dès 1898 et se lance dans l'automobile en commercialisant le moteur bicylindre développé par Ader. De l' usine installée 98 rue de Cormeille à Levallois-Perret, la première Ader 8 cv sort en 1900, la dernière voiture produite le sera en 1907 (photos n⁰ 7 à 10, publicités diverses, dont le dessin du graphiste Georges Meunier, © PAC, Inc.). Waron se sert de son Ader Type A pour ses déplacements professionnels durant de nombreuses années puisqu' on la retrouve sur la carte 5624 (carte n⁰ 2), un cliché pris lors de sa visite à Plouézec en 1909-10. Nul doute qu' un tel pionnier de l' automobile continuera de moderniser son moyen de transport principal, mais je n' ai aucune information sur ses véhicules ultérieurs. Toujours est-il qu' il pourra voyager dans toute la Bretagne et emporter avec lui un matériel conséquent.
Un Briochin engagé
Waron est un homme engagé. Au niveau associatif tout d' abord, puis en politique. Dès le début du siècle, il collabore à divers journaux politiques et fait partie de diverses associations, notamment le Comité d'initiative du commerce briochin, et c 'est lui qui va lancer l 'idée de faire renaître La Fête des fleurs, une manifestation populaire au 19e siècle mais qui était tombée en désuétude. Le 28 juin 1903, la population accourt en masse voir des chars à la gloire de l' horticulture, du commerce et de l' industrie qui défilent sous les acclamations de 50 000 badauds. C' est alors la plus large manifestation jamais organisée dans Saint-Brieuc et la presse est unanime dans ses louanges. Paul Boyer déclare : « C' est dans la joie, dans le bruit des rires sonnant clair et des vivats reconnaissant, que les Briochins ont fêté, dimanche, les fleurs, les belles fleurs de juin » (Réveil des Côtes-du-Nord, 2 juillet 1903). La photo n⁰ 1 est une carte-photo, de source inconnue, datant de la première édition en 1903, tandis que les deux cartes suivantes sont des clichés d' Émile Hamonic lors de l'édition de 1905 qui se tint en mai, comme indiqué par le cachet de la poste ci-contre.
Témoin de son intérêt pour les coutumes et le folklore breton, et découlant de ses liens avec l' URB, c' est lui qui organise en 1906 la première grande fête bardique intitulée Les fêtes celtiques qui se dérouleront dans les jardins de la préfecture les 22 et 23 juillet. Il s' agit ici de donner suite aux visites rendues par des membres de l' URB au Pays de Galles quelques année auparavant (carte Hamonic n⁰1271) et de favoriser un rapprochement entre nations celtes. La Dépêche de Brest parle des discours prononcés comme « ...l' occasion de manifestations très chaudes en faveur du panceltisme... et de la paix universelle » (voir le n⁰ 7463 du 24 juillet ici). Le maire de l'époque, Henri Servain, demande d' ailleurs à la population briochine de décorer ses maisons et de pavoiser aux couleurs anglaises et françaises afin d' honorer la délégation galloise (Le Moniteur des Côtes-du-Nord, 36e année, n°30, 27-28 juillet 1906, p. 1.). Nous sommes alors dans l' élan d'une ferveur celtique mais aussi patriotique puisque l' Entente cordiale a tout juste deux ans. Cette manifestation est déclarée comme représentant le « symbole de l'union de deux grands peuples » (« Les fêtes celtiques de Saint-Brieuc », La Dépêche de Brest, 20e année, n°7462, 23 juillet 1906, p. 3, lien ici) qui a « surtout exalté l’âme celtique et prôné une entente étroite entre Bretons des deux côtés de la Manche » (« Fêtes celtiques », La Croix du Morbihan, 16e année, n°31, 29 juillet 1906, p. 3, lien ici).
Cette 'ferveur celtique' s' inscrit également dans un contexte particulier. la IIIe République a imposé l' usage du seul français à l' école publique gratuite et obligatoire en 1882 (loi Jules Ferry), ce qui explique en partie le mouvement régionaliste breton qui souhaite préserver la culture bretonne face à l' uniformisation républicaine, et l' orientation conservatrice de l' URB, même si les conservateurs critiquent avec virulence cette loi avant tout pour des motifs religieux. Selon eux, elle « porte atteinte à la foi religieuse » en raison de sa suppression en tant que matière obligatoire. Cette absence d' éducation religieuse et d' un cadre moral chez les enfants entraînerait à terme la décadence de la société (« Bulletin de la semaine », Le Courrier des Campagnes, 2 avril 1882, p. 1.). De plus, ces fêtes se déroulent un an après la loi de Séparation de l'Église et de l'État. En Bretagne, terre catholique s'il en est, la majorité des députés de chacun des cinq départements s' était prononcée contre le projet de loi. Quant à la population, la Séparation devient synonyme de spoliations intolérables qui dépouillent les Bretons de leurs églises et de leurs chapelles. Déjà en 1902 des affrontements violents s' étaient produits lors de la fermeture d' établissements éducatifs non autorisés en application de la loi de 1901 sur les associations. En particulier, l' expulsion manu militari de religieuses à Saint-Méen, membres de la congrégation des Filles du Saint-Esprit dont la maison-mère était à Saint-Brieuc connut un grand retentissement. Ainsi, il n' est pas surprenant que cette fête druidique, donc païenne, reçoive la bienveillance du Clergé breton.
En ce qui concerne l'icônographie, c' est encore Émile Hamonic que j' utilise pour illustrer cette fête, car il fut officiellement chargé de la couvrir, et je ne connais aucune carte de Waron sur cet événement ; sans doute était-il trop occupé ailleurs en tant qu' organisateur. Le diaporama ci-dessous présente une série de 16 cartes représentatives des festivités, notamment du chant, de la poésie, des défilés de chars, et même, selon la presse, un spectacle d'acrobates chinois venus des Folies Bergères ! (dont je n' ai malheureusement pas de trace photographique). Les salons de la préfecture accueillent les banquets mais servent également pour les portraits de la Duchesse Anne, avec leur version colorisée.
Note : le numéro 2182 a été utilisé deux fois ; pour le champ du Gorsedd et la Tour de Cesson. N' ayant jamais vu la carte 2186, je pense que la Tour de Cesson aurait dû porter ce numéro.
Note 2 : la carte 2226 - Nomination d'un nouveau barde a pour sujet Octave-Louis Aubert (1870-1950), une figure incontournable du mouvement breton à Saint-Brieuc (et l'un des fondateurs de son syndicat d'initiative en 1907) qui, pour l'événement, a écrit une pièce de théâtre, Huelledah, « drame celtique en trois tableaux ».
La carte postale sert ici à véhiculer l' information puisque les clichés d' Hamonic sont repris par la presse parisienne, telle Le Figaro, Le Petit Journal, Le Matin, La Croix ou encore L' Écho de Paris. Hamonic lui-même publie un article dans l' hebdomadaire L' Illustration du 4 août 1906. Sous le diaporama, la photo de cet article, lisible lorsqu' agrandie, est suivie de quatre cartes-photo d' origine inconnue, sauf la dernière, un cliché d' Étienne Le Grand, photographe à Quimper.
Comme on a pu le voir supra, Waron est un homme de son temps, féru d'engins mécaniques pour avoir possédé des véhicules à moteur bien avant que ceux-ci ne se démocratisent. Il n' est donc pas surprenant de voir qu' il organise le premier meeting aérien à la Grève des Courses de Cesson, qui deviendra l' aérodrome de Saint-Brieuc en 1909 et le restera jusqu' en 1938. Les frères Wright ont fait voler leur Wright Flyer sur 6 km à peine 6 ans auparavant, le 17 décembre 1903. L' aviation est donc un phénomène nouveau qui passionne les foules. De plus, Waron est également l' un des fondateurs de l' association 'loi de 1901' Union Aérienne des Côtes-du-Nord, dont les statuts sont déposés le 16 avril 1909, qui a pour objet de « développer le sport de l' aviation dans la baie de Saint-Brieuc ». Tout est prêt pour le premier meeting des 25 et 26 juillet 1909. La presse s'enflamme et déclare « Grâce au dévouement de l'union aérienne des Côtes-du-Nord, les fêtes promettent d'être très attirantes et très réussies » (la Dépêche de Brest, 22 juillet 1909). De fait, l' illustre Louis Blériot promet sa participation mais ne pourra finalement pas venir ; et pour une bonne raison, puisqu' il traverse avec succès la Manche ce même 25 juillet 1909 ! La carte ci-dessous fut imprimée à l' avance pour être vendue le jour de la fête, Blériot n' étant jamais venu à Saint-Brieuc. Malheureusement, des problèmes techniques, une épidémie de typhoïde qui s' abat sur la ville, et une organisation moins que parfaite, assombrissent la fête et entraînent un déficit des finances de l'association.
Malgré les difficultés de l'année précédente, l' engouement du public reste fort pour ce type de manifestation. Le Petit Journal ne s'y trompe pas, qui offre à ses lecteurs de Saint-Brieuc une carte postale de l' aviateur Guillaume Busson pour l'édition 1910 (cliquez sur la vignette de Busson pour agrandir le cliché). Des trois aviateurs présents, seul Busson sur son Blériot XI pourra décoller 'sous les acclamations de 40 000 spectateurs' nous dit Hamonic (carte n⁰ 3934).
Pour l'édition de 1912, Cesson fait place à Ploufragan. Toujours sous l'égide de l'Union aérienne des Côtes-du-Nord, la fête est organisée au profit de l'aviation militaire, ce qui explique les avions et personnages des cartes Hamonic du deuxième diaporama. Les 50 000 badauds présents ont droit à quatre démonstrations de vol par les aviateurs Léon Bathiat sur Sommer, Paul-Louis Kuhling sur Blériot, René Moineau sur Bréguet, et François Molla sur Rep. Guillaume Busson devait revenir mais il eut un accident qui endommagea son Déperdussin.
Je n' ai aucune information sur les éditions 1913 et 1914, sauf que Marcel Brindejonc des Moulinais, jeune Breton né à Plérin en 1892, est présent sur son Morane-Saulnier H (monoplan biplace) lors de l'édition 1913. Le 20 août, il se pose sur la plage du Val-André lors de son vol reliant Marseille à Dinard. Décoré de la Légion d'honneur (à seulement 21 ans !) pour ses multiples succès, dont le tour d' Europe de 5 000 km, et recevant trois citations militaires pour ses missions de reconnaissance et trois victoires, il s'écrase le 18 août 1916, touché par un tir d' artillerie français. Il recevra la Croix de guerre avec palmes à titre posthume. Son corps repose à Pleurtuit où il habitait, ce qui explique pourquoi l' aéroport de Dinard-Pleurtuit porte son nom. Quant à l'édition 1914, je ne possède que cette carte de René Lesech sur son Déperdussin lors du meeting du 1er juin.
Pour plus de détail sur l' histoire de l' aérodrome dans ces années-là, voir le livre 1909-1939 les trente premières années d'aviation à Saint-Brieuc d' Alain Guillossou (copie au Centre de Généalogie des Côtes-d'Armor, CG22, dont M. Guillossou est secrétaire-général). J' ai retrouvé des traces de ces meetings de 1909 à 1914 à l' aide de cartes postales de Waron (1909, 1910 ; celle de 1912 étant une réimpression), une de l' Imprimerie Nouvelle (Coopérative Ouvrière) de Saint-Brieuc de 1914, et grâce à deux séries d' Hamonic de 1910 et 1912, que je pense être complètes (collection personnelle).
Diaporama Hamonic 'Fête de l'aviation 1910' (8 cartes)
Diaporama Hamonic 'Fête de l'aviation 1912' (12 cartes)
Au service de la communauté
En sus de ses activités dans le monde associatif, Waron est attiré par la politique. Il est élu comme conseiller municipal aux élections partielles complémentaires de 1909 et sera réélu en 1912 et 1919. Il est également nommé juge au Tribunal de Commerce de Saint-Brieuc en 1908, toujours réélu jusqu' à ce qu' il refuse la fonction de président du tribunal en 1918 pour se consacrer à la mairie. En effet, 1919, c' est l' année où il est élu maire de la ville, une fonction qu' il occupera jusqu' en 1925. Il prend sa charge au moment où la Grande guerre impose la Reconstruction. Les affres de 14-18 font que tout est à remettre en état : les terres agricoles, les habitations et les infrastructures urbaines, portuaires, de transport, industrielles, scolaires, médicales, sans oublier le logement des familles. Waron prend sa charge à bras le corps. Durant ses nombreux mandats, comme maire ou responsable de différentes structures locales, il s'attelle à de nombreux projets : création de la Goutte de Lait (contrôle et allocations pour l'aide à l'allaitement maternel) ; rénovation de la gare SNCF ; travaux au Bureau de Bienfaisance ; réaménagement du théâtre municipal en 1923 ; électrification du hameau de Cesson et de l'usine d' ozone de Chateau Bily ; création d' un internat au cours secondaire de jeunes filles du lycée Renan ; création de I‘ école Berthelot dans le parc de l'ancien évêché et acquisition de terrains pour la construction de l' école Poutrin et des écoles de Cesson. Des travaux de voirie et d' alignement jalonneront aussi son mandat, notamment l' installation du square de la gare en 1925 et celle des statues du parc des Promenades, ainsi que l' édification du monument aux morts de la ville, derrière le tribunal. Si tout ce qui précède n' était pas suffisant pour comprendre l' homme, que dire de son engagement social : il est administrateur de l' hospice de 1920 à 1928 ; il fonde I‘ œuvre antituberculeuse des Côtes-du-Nord, dont il restera le trésorier jusqu'en 1946, et iI sera également le fondateur du préventorium hélio-marin de Saint-Laurent. Mais son Grand Œuvre social, et la raison pour laquelle il laisse son nom aujourd' hui à une cité de l' ouest de Saint-Brieuc, est le lancement en 1920 de l'office d' Habitations à Bon Marché (H.B.M., ancêtres des H.L.M.), que Victor Rault, maire de Saint-Brieuc en 1956, qualifiera d' « initiative sociale très heureuse et hardie » lors de son éloge funèbre. Même retraité, il continuera son engagement social ; il est nommé président de l'office départemental des H.L.M. des Côtes-du-Nord en 1947 ; et juste avant son décès à l' âge de 88 ans, il préside le 7 novembre 1956 la réception provisoire de 40 logements au lotissement du Point du Jour.
Encore maire de Saint-Brieuc, il se lance dans les législatives de 1924 et remporte les élections pour devenir député des Côtes-du-Nord. Il exerce son mandat au Palais Bourbon au sein du groupe de la Gauche républicaine démocratique jusqu' en 1928. En tant que parlementaire, il est membre de la commission de la marine marchande et de la marine militaire. La lecture du Journal officiel indique que ses principales interventions portent sur l'amélioration du sort des inscrits maritimes retraités ou invalides, et de leurs veuves, marquant en cela ses origines puisque les campagnes d' Islande ne s' arrête qu' en 1935. Pour l' ensemble de sa contribution à la vie économique et sociale de Saint-Brieuc, ainsi que son action politique, Waron reçoit plusieurs distinctions honorifiques : Chevalier de la légion d'honneur, Officier de l'Instruction publique et Chevalier de la Santé publique et de la Prévoyance sociale. À la fin de sa vie, Waron habite au 33 rue Saint-Benoît où il décède le 25 novembre 1956. Le Télégramme du 26 novembre lui rend un hommage que l' on sent sincère à la lecture de l' article. Sa mort est qualifiée de « douloureuse surprise » ; son activité débordante pour la ville l'ayant rendu « extrêmement populaire » ; il est mentionné comme « un homme dévoué à ses concitoyens ». En conséquence de quoi, la ville lui organise des obsèques municipales et permet aux nombreux Briochins d' exprimer leur sympathie devant le catafalque, le cercueil étant exposé dans le cadre d' une chapelle ardente située dans le hall de la mairie. Ses obsèques ont lieu à l'église Saint-Michel puis il est inhumé au cimetière du quartier (photo © Le Télégramme, 29 novembre 1956).
Menu d' un repas organisé pour Armand Waron par ses amis
Compte-rendu de gestion par Armand Waron
Évolution de la société
J'en termine avec un mot rapide sur la société Waron. Dans les années 30, son fils, Jacques, qui était opticien à la suite de son père, continue les Éditions Waron et publie ses premières collections, toujorus dans la collection La Bretagne Pittoresque. Si le verso des cartes présente toujours une légende A.W., le recto porte la mention Collection J. Waron, Saint-Brieuc. Certaines cartes conservent le nom du père, tandis que les cartes en couleur sont la plupart au nom du fils. Pour exemple, la carte A.W.- 5400.- PLOUHA.— Le Port Moguer à mer haute ci-dessous. Les cartes de clichés pris par Jacques ont une légende différente, à savoir un numéro dans la série et non le numéro de cliché depuis les débuts de la numérotation A.W. Exemple ici avec la carte La Mode aux Bains de Mer, n⁰ 2 dans la série, et celles de Lanvollon ci-dessous. Avec d'autres cartes, il continue la numérotation d'origine, comme cette carte A.W.-9924 - VAL ANDRÉ - Le Tennis-Club, ce qui indiquerait que Waron père a pris le cliché même si la mention de l'éditeur est bien Collection J. Waron - Saint-Brieuc.
La légende des cartes postales commence donc à se diversifier selon que les clichés sont du père ou du fils. Dans cet exemple, six cartes sur Lanvollon tirées de clichés pris dans les années 30. Trois du fils dans une série de 1 à 9, et trois du père dans sa nomenclature habituelle 55xx. À noter que durant cette période, la présentation de la collection La Bretagne Pittoresque se standardise. La police de caractère est toujours la même et les clichés sont encadrés. Voir la page sur Bréhec 1931-1940 qui fournit de nombreux exemples.
Sans approfondir la biographie de Jacques Waron, une recherche rapide montre qu'il fut co-président du Stade briochin de 1924 à 1929, président du Cercle de l'Épée Briochin, conseiller municipal, secrétaire général de la fédération UDSR des Côtes-du-Nord (Union démocratique et socialiste de la Résistance, le parti de René Pléven), président de la Fédération des Sociétés briochines... Bref, un homme actif et engagé comme son père.
Dans les années 40, la qualité des cartes postales s' améliorent et elles ressemblent alors à de vrais tirages photographiques. Au niveau de la présentation, la légende passe au recto de la carte, tandis que le nouveau logo Waron s' affiche sur le verso. Mais le grand changement est que la mention de l' éditeur est désormais Société des Éditions WARON et Cie — SAINT-BRIEUC — ORLÉANS. La Bretagne Pittoresque (Marque Déposée). Je n' ai malheureusement pas de renseignement sur le pourquoi de la relocalisation. Waron père et fils auraient-ils décidé de vendre leur société d' édition et de céder les droits de réimpression des tirages ? Si un internaute a des réponses, merci de me les communiquer.
Le diaporama ci-dessous présente huit cartes Waron de cette décennie et un exemple de dos : Arradon - Le débarcadère ; Brehat - Port Clos ; Bréhec - La plage ; Binic - Vue générale prise de Ker Avel ; Cancale - La digue ; Plouha - La place ; Portrieux - Le jetée ; Trégastel - Retour de pêche.
Pour clore le chapitre des années 40, la société édite des cartes postales colorisées qui sont des réimpressions de clichés des années 30. Le nouveau logo Waron est présent, qui devient une mention Vogue sur des cartes circulées dans la deuxième moitié de la décennie. Quelques exemples ci-dessous de Bréhec et de Paimpol.
Les dernières cartes Waron sont éditées dans les années 50. Si le verso des cartes est totalement recouvert par le cliché, les exemplaires en ma possession indiquent qu' il existe un mélange entre tirage de nouveaux clichés et réimpression d'anciens. La numérotation des cartes change tandis que la mention de l' éditeur varie entre Saint-Brieuc et Saint-Brieuc-Orléans. En exemple, quatre cartes postales de cette dernière décennie dont deux dos représentatifs des mentions : Val-André - le camping ; Bréhec - vue générale ; Plouha - la plage Bonaparte ; Plouha - Le Palus - la plage.
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