Le bourg et le village - Bréhec & Lanloup en un siècle

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Bréhec et Lanloup
Derniers bourg et village côtiers de la Bretagne bretonnante !
Photo © Anse de Bréhec

Étymologie
Bréhec
L'origine du nom est incertaine en l'absence de preuves documentaires permettant d'affirmer avec certitude son étymologie.

Ci-dessus, photo © Brian Noel
Ci-dessous, dessin des enfants Riou durant le confinement
Situé dans le Bro-Oueloù (pays Goëlo), dont l'étymologie discutée signifierait «pays des meilleurs» ou «pays des choisis», il a été dit que Bréhec aurait été la première rive qu'abordèrent au 5ème siècle les immigrants venant des Îles Britanniques, à la tête desquels était le moine gallois Brioc (dont le nom apparaît pour la première fois en 1032 sous la forme Briocus). S'il est vrai qu'en breton le nom devient Brieg (le g prononcé comme un c dur ou k), on comprend l'idée de Brieg francisé en Bréhec. Néanmoins, aucune trace du passage de ces Celtes n'a été trouvée, ni rapportée par écrit. Il est donc quasiment certain que le nom du village n'a pas pour origine celui d'un évangélisateur venu d'outre-Manche. Nous laisserons ainsi à Saint-Brieuc son saint éponyme.
Autre tentative d'explication du nom, celle d'Arthur Le Moyne de La Borderie dans son étude de 1888 sur la Vita de saint Guénolé (livre I, chapitre II), écrit comme tel dans les livres anciens mais plutôt avec les lettres Gw dans les textes plus récents. Cet ouvrage du Haut Moyen Âge, composé à Landévennec entre 874 et 884, raconte qu'un homme illustre du nom de Fracan (père de Guénolé) quitte sa terre natale en raison d'une épidémie et vient en Armorique prendre un domaine de la dimension d'une ploue (traduction celtique du latin plebs, dénotant une unité d'organisation territoriale et sociale habitée par une communauté humaine, sorte de paroisse primitive). Le livre précise qu'il débarque « dans le port qui s'appelle Brahec », soit en latin moyenâgeux in portum qui Brahecus dicitur. On comprend donc l'association Brahecus-Bréhec. Là encore, rien n'indique qu'il s'agit bien de notre village ou de la baie qui porte son nom. En revanche, le père de saint Guénolé a bien donné le sien, de nom, à la ville de Ploufragan.
Il faut donc se pencher sur la langue bretonne pour essayer de trouver un sens au nom Bréhec. On pourra s'aider avec le Dictionnaire Breton-Français de Le Gonidec précédé de sa grammaire bretonne de 1850, accessible en ligne via Gallica ici, qui offre l'avantage par rapport aux dictionnaires bretons modernes de présenter la langue telle que parlée lors de l'établissement des cartes anciennes.
Première possibilité, le mot brec'h (le "c'h" est similaire au jota espagnol ou au mot nacht en allemand) qui signifie bras, la géographie permettant de visualiser un bras de mer s'avançant dans les terres. Néanmoins, la mairie de Plouézec a choisi de retenir une autre possibilité pour les panneaux du Village marin, celle du mot brec'h, qui peut se retrouver sous la forme diminuée bre (comme Brélévénez, près de Lannion), qui signifie colline ou mont. C'est notamment l'étymologie de la commune de Brec'h dans le Morbihan. Dans les deux cas, la grammaire suggère que Bréhec comporte un adjectif à désinence en -eg (un "g" dur francisé en -ec), suffixe utilisé pour indiquer le sens de petit, dont le radical est brec'h ou bre. À ce propos, et pour accentuer l'incertitude, la carte marine napoléonienne utilise le terme Brehech (voir infra), ce qui pourrait donc être la francisation par les hydrographes de Brec'h, avant abandon du "h" sur les cartes ultérieures !
Bref, petit bras (de mer) ou petite colline... au choix du lecteur !
Quoi qu'il en soit, il n'existe aucun autre endroit appelé Bréhec. Le musée de Marseille, MuCEM, possède dans son fonds Gauguet-Widmer une photo du début du XXe siècle (ici) intitulée Fontaine de Bréhec, mais il s'agit d'une erreur de classification, la photo représentant la Fontaine miraculeuse du Drennec à Clohars-Fouesnant dans le Finistère.

Photo © Léo Le Phare
En ce qui concerne le nom des lieux, les hydrographes du XIXe siècle, ignorants de la langue bretonne, ont créé une toponymie nautique qui est un mélange de traduction et de francisation, pas toujours bien inspirée. Par exemple, ar C'herregi (les écueils) devient Erqui, puis Erquy. Ar C'hleguer (les rochers surplombants) devient le Léguer, puis le Légué. De plus, il faut tenir compte des variations régionales qui existe entre le breton de Basse Bretagne et celui de Haute Bretagne (par exemple, men dans le Goëlo est plutôt karreg à Concarneau ; tandis que padell chez nous devient palenn ou pladenn près d'Audierne). Rajoutons de la difficulté en mentionnant l'intégration de termes français dans la langue bretonne dès l'époque de Colbert. Pour exemple, route est devenue roud en breton, d'où le terme roud al linenn (direction de la ligne). Autres exemples de termes français «bretonnisés», c'hompa (compas), merk (marque)... Bref, pas simple! François Ters mentionne l'exemple de la mouette, ar skrev en breton, francisée par la carte de Cassini en «ar screo», terme retranscrit sur les cartes ultérieures comme «ar sérive ». La côte de Goëlo et son large fournissent ainsi des transcriptions sur cartes marines pas évidentes à trouver au premier coup d'œil. Quelques exemples avec des lieux proches de Bréhec:
  • Ar Arouolenn (signification incertaine, possible bretonnisation) = La Horaine (horain est un vieux terme de marine inusité signifiant un danger au large)
  • An Disvar Adreñv (le remous d'arrière) = Plateau des Roches Douvres
  • Roc'h an Douvez (roche du fossé) = les Roches Douvres
  • An Holeneier (les salinières) = Olénoyère [tourelle du Trieux]
  • Monsellou Richard (tas de Richard) = Moncello Richard [Bréhat]
  • Roc'h Kranked (roche aux crabes) = Roch Tranquet [Loguivy]
Parfois, la traduction est parfaite :
  • Ar Gazeg (la jument) = La Jument [St-Riom]
  • Gwrac'h an Treou (vieille du Trieux) = Vieille du Trieux [Trieux]
  • Roc'h ar Groaz (rocher de la Croix) = Phare de la Croix (construit sur le rocher du même nom) [Trieux]
  • Enez Koad (Vras/Vihan) = Île à bois (grande/petite) [Trieux]
  • Ar C'havr (la chèvre) = La Chèvre [Bréhat]
  • An Treir Enez (les trois îles) = Les Trois Îles [Bréhat]
  • Ar Peuliou (les piliers) = Le Pilier [à tribord de l'Île Blanche (Pointe de Guilben)]

Elle peut également provenir d'un langage salé ou amusant :
  • Ar Gouin (le vagin) = (passe de) la Gaine [aux Roches Douvres]
  • Toull Kaoc'h (trou merdeux) = Anse de vase à l'Est de l'Île à bois
  • Bidenn an Eskob (la verge de l'évèque) = roche près du phare de la Croix
  • Sac'h ar Pab (les bourses du Pape) = roche près du phare de la Croix
  • Roc'h Badaboum (rocher badaboum) = Pointe du Paon [Bréhat]
bien que dans ces dernier cas, on peut se poser la question de savoir si le jour où les hydrographes sont passés, les marins du coin décidèrent de se montrer facétieux, sachant que leur interlocuteur n'y comprendrait rien de toute façon ! D'ailleurs, depuis les études sérieuses réalisées dans les années 1950, le SHOM a rectifié un grand nombre de ces aberrations sur les cartes modernes, reprenant souvent le nom breton plutôt que la francisation des cartes anciennes, tel Roch Tranquet redevenu Roc'h Kranked.
Pour Bréhec, pas trop de difficulté à comprendre les noms figurant sur la carte, il suffit de traduire :
  • Beg = pointe ; et, spécifique au Goëlo, terme parfois employé comme petite roche pointue
  • Men = pierre, également roche ou rocher, francisé par min ; plus courant sur la côte dans le Goëlo que roc'h qui semble être réservé aux rochers du large
  • Ruz = rouge ; incorrectement francisé en rouz, breton pour roux
  • Beg min rouz = pointe de la roche rouge
  • Padell = roche plate, d'où Padel (il existe une autre possibilité, voir infra)

Le Taureau est le nom porté par la balise de signalisation marquant le seul danger de la baie, nom qui apparaît déjà sur la carte des services hydrographiques de 1843 comme celui donné à l'îlot rocheux sur lequel elle repose. Sa construction peut être datée à la première moitié de 1863 grâce aux Annales hydrographiques du 1er juillet de la même année. Dans la section Balises, bouées, etc., est annoncé de manière laconique à la page 257: «Côtes-du-Nord. - On a construit une tourelle en maçonnerie sur le rocher du Taureau, dans la baie de Bréhec.». Quant au pourquoi de sa construction, elle est motivée par le naufrage de la bisquine « l'Angélique » de Binic en 1862 qui, poussée par la tempête, s'est brisée contre les rochers. Le Publicateur de Saint-Brieuc du 5 décembre rapporte la tragédie et déclare que tout l'équipage a péri. La tourelle figure page 288 dans l'état du balisage des côtes au 1er janvier 1864 de l'ouvrage de la même année intitulé Mémoire sur l'éclairage et le balisage des côtes de France, vol. 1, Paris : Imprimerie Impériale, de Léonce Reynaud, Inspecteur général des Ponts et Chaussées. Elle y est décrite comme «Peinte en blanc sur les faces N., E. et S. et en noir sur la face O.». Une description approfondie en est donnée dans le Dictionnaire géographique et administratif de la France de Paul Joanne, Paris: Hachette, 1890, dans l'encart consacré à Bréhec, page 595 :
«Au large de l'anse de Bréhec, un rocher, le Taureau (à 1200 m E. S. E. de la pointe de Bréhec et 1 k N. E. de la pointe de la Tour), est signalé par une tourelle blanche et noire. C'est le seul danger de la côte : le Taureau est un rocher à pic entouré de fonds de 10 à 12 m., et qui assèche de 6 m. À l'ouverture de l'anse de Bréhec on rencontre des fonds de sable et vase de bonne tenue ; on y serait à l'abri par tous les vents du N. O. au S. par l'O. ; mais la houle s'y fait sentir avec les vents d'O., et les rafales qui tombent des hautes terres y sont très violentes. Le courant de flot porte sur la pointe de Plouha au S. E., et celui de jusant (NDLR: marée descendante) sur celle de Minard. L'anse est le seul point de la côte comprise entre la pointe de Plouha et la baie de Paimpol où l'on puisse débarquer avec de la houle ou des vents du large.».
Pour finir, on trouve dans Le Sémaphore de Marseille du 13 mai 1893 la mention «Anse de Bréhec - La tourelle du Taureau, qui était noire et blanche est actuellement noire et rouge.», reprenant sans doute une annonce des Annales hydrographiques. Elle n'a pas changé depuis, sauf par l'ajout des deux boules noires en application des règles de navigation modernes, qui, comme le savent les marins, veulent dire que ce danger peut être contourné indifféremment par babord ou tribord.

Alors... et le nom ? La coupure de presse du Publicateur de 1862 sur le naufrage ne donne pas le nom Taureau pour la tourelle mais imprime le mot Tard, sans doute une mauvaise transcription du rapport du journaliste qui a dû écrire tarô ou tarv (le 'v' à l'ancienne ressemble parfois à un 'd'). Tarô ou tarv est le terme breton pour taureau mais aussi pour mâle ou entier (maoui-tarv = bélier, tarv-kaz = chat non castré), ce qui valide l'usage du nom donné au récif par les gens du cru. Lors de mes recherches, je pensais qu'il serait impossible de savoir ce à quoi ressemblait cet îlot rocheux avant la construction de la tourelle. L'explication la plus simple était donc de suggérer que, avant travaux et dérochage, cet îlot devait avoir une forme avec deux pics rocheux à ses extrémités lui donnant l'apparence de deux cornes vu de loin, les explications simples étant souvent les plus vraissemblables. Pour apporter de l'eau à mon moulin, récemment je suis tombé sur une carte marine faisant partie d'une série intitulée Carte des côtes de Bretagne avec position et numérotation des batteries, que la BnF classe comme réalisée entre 1700 et 1800, date qu'il est possible d'affiner en présumant qu'elle fut préparée pour la Royale au moment de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), une époque où il est impératif pour la Marine de connaître avec précision les endroits où des canons sont pointés vers l'ennemi anglais. Je mets la vignette montrant le Taureau qui, une fois agrandie après avoir cliqué sur l'image, affiche la carte de la côte, les traits rouges marquant la batterie installée sur la Pointe de Plouha.

Extrait d'une carte de la Marine indiquant les batteries côtières, c. 1760 © Gallica, réf. cb423177394
Si la façon de dessiner un récif à cette époque est sans doute standard, car La Mauve y ressemble également, ce dessin me fait forcément penser aux cornes d'un taureau ! On notera le tracé fantaisiste de la côte, l'inversion de la Pointe de la Tour avec celle de Bréhec, ainsi qu'un nom inconnu sur d'autres cartes, la Pointe de Belieu, juste avant celle de Minar (sans "d") ; autre énigme de toponymie non résolue.
Le nom donné au récif n'est pas celui de Taureau, mais Rocuelen. Que peut signifier ce nom ? Il est possible de faire un rapprochement avec le vieux breton huélen = hauteur, élévation. On peut donc supposer une francisation de ce qu'un autochtone aurait qualifé à l'hydrographe de « rocher élevé ». Le nom Taureau n'est donc pas encore usuel vers 1760, car on peut penser que si La Mauve est bien inscrite comme telle sur cette carte, le géomètre ou hydrographe chargé de son tracé aurait également écrit Le Taureau. La mention de ce nom sur la carte de 1820 suggère que cet îlot rocheux acquiert sa dénomination actuelle au cours du dernier quart du XVIIIe siècle.
Quant à la Pointe de la Tour (photo © Régis Verger), la tradition orale a transmis le fait qu'il existait au Moyen Âge à cet endroit une tour, probablement de guet, dont les ruines auraient encore été visibles au XVIIe siècle (d'après des écrits du XIXe siècle). Je n'ai pas non plus d'information sur les autres noms tels la Pointe de Berjule (orthographe officielle sans 'e' mais écrite avec chez nous ainsi que sur la carte ancienne ci-dessous), n'arrivant pas à faire de connexion avec des noms bretons en partant des radicaux barj/varj- ou berj/verj-. Il est raisonnable de lui donner une origine éponyme de la famille propriétaire des parcelles de la côte à cet endroit. Je décide de ne pas retenir la possibilité Pointe du Père Jules (ha, ha...). Pour la Pointe de Minard, minard signifie poulpe en breton (pieuvre est un nom plus récent, popularisé par Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer en 1866 d'après un terme originaire des îles Anglo-Normandes).
Pour ceux qui s'intéressent à l'origine des noms de lieux sur nos côtes, vous pouvez lire l'article Toponymie des côtes bretonnes du chanoine François Falc'hun, publié dans les Annales de Bretagne, tome 55, n1, 1948, pp. 108-120, ici. Les fans d'onomastique marine pourront également se référer à l'étude, non disponible en ligne, de François Ters, Toponymie de la côte du Goëlo (le Trieux-Bréhat-Paimpol), extrait des Annales hydrographiques n 1383, Paris, 1955, 75 p. et 3 cartes.
À noter que François Ters (1909-1993) n'était pas natif du Vieux-Bréhec, mais que sa mère, Marie-Josèphe, s'y installa (maison proche du sentier de raccourci entre la route de la Corniche et la descente sur le Vieux-Bréhec) lorsqu'il était encore jeune, son père étant décédé en 1915. Enseignant d'abord installé à Rennes (mariage en 1934), il revenait ainsi souvent passer des vacances chez sa mère, où il réalisa sans doute son étude sur la toponymie du Goëlo. Fin linguiste, parlant couramment breton, il fut ancien élève de l'École des Hautes Études, agrégé de l'Université et professeur de Lettres détaché au CNRS. Il publia de nombreux ouvrages scolaires sur le latin, l'orthographe et la grammaire, ainsi que des articles scientifiques dans des revues et journaux de sociétés savantes. Il occupa également les fonctions de Chef de travaux à l'Institut Pédagogique National et reçut l'accolade d'être nommé Chef de travaux pédagogiques honoraire de la Bibliothèque nationale de France. Ardent défenseur de sa culture bretonne, il fut également Grand Druide du Gorsedd sous le nom de Stivellic an Dour Don où il exerça le rôle de ar renour (directeur) de la revue bilingue An Tribann (emblème bardique de trois traits convergents vers le sommet). Portrait tiré d'une photo de classe de 6ème prise en 1964 au lycée international de Saint-Germain-en-Laye où il exerça en tant que professeur de français, latin et grec.
De plus, véritable mine, les archives du SHOM et notamment les Annales hydrographiques des années 70 et 80, sont désormais accessibles en ligne (site des cartes anciennes du SHOM ici) que l'on pourra exploiter au niveau des cartes avec IGNMap (ici), logiciel gratuit de l'IGN pour la visualisation des données vectorielles et graphiques (les cartes sont au format Jpeg 2000, extension .jp2, de très haute résolution). Voici un extrait de la carte 970 de 1843, tirée des travaux de celle établie en 1838 par Beautemps-Beaupré (infra), première carte moderne de notre côte (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Plus tout à fait Bréhec, mais si proche et d'un intérêt local et patrimonial, le phare, ou fanal, de Lost-Pic (toujours mal écrit par le SHOM comme L'Ost-Pic) n'est pas présent sur cette carte puisque terminé en avril 1894 par l'entrepreneur Stourm de Saint-Brieuc sur des plans de l'ingénieur Guillomoto. À l'origine, le phare, d'une hauteur de tour de 15 m et totale de 22 m au-dessous du niveau des plus hautes mers, offre un logement pour gardien, mais il est transformé en phare permanent non gardé en 1912 lors du remplacement de l'huile minérale en feu à incandescence par acétylène dissous, puis fonctionnant au propane à partir de 1936. Aujourd'hui, ce sont des accumulateurs de 24 v alimentés par un aérogénérateur solaire photovoltaïque qui assurent son fonctionnement. Comme pour le Taureau, son nom est celui de l'îlot rocheux désertique sur lequel il fut construit. Pour plus d'information, consultez l'ouvrage de Jean-Christophe Ficou, Noël Le Hénaff et Xavier Mével, Phares, histoire du balisage et de l'éclairage des côtes de France, Douarnenez : Éditions Le Chasse-Marée / Armen, 1999.
Quant à son étymologie, lôst = queue ou extrémité, et pic ou pik = pic ou pointe, d'où le nom de l'îlot qui est effectivement le pic de l'extrémité lorsque l'on examine la carte.

Photo © Di Chap
Et pour être vraiment complet sur notre côte, certains noms se retrouvant à Plouézec et Plouha, villes tutélaires de Bréhec, j'ajoute les termes suivants :
  • Porz se traduit par port, mais également crique, aménagée ou non, d'où Porz-Pin. Le mot pin veut dire pin, mais est aussi utilisé pour décrire un grand arbre toujours vert. Donc la crique du pin ou la crique du grand arbre vert.
  • Toull veut dire trou ou brèche, et par extension passage, passe ou chenal, tel Toull an Houl (trou des vagues) pour Toul Ahoult dans le secteur des Héaux-de-Bréhat.
  • Run est une colline ou un côteau, un tertre. Comme Run Helliou, la colline sans doute de la famille du même nom.
  • Mez décrit le large, d'ou le petit et le grand Mez de Goëlo.
  • Gwinizh est le froment et segal, le seigle ; d'où Gwin Zégal (noté Gouine Ségal sur la carte marine ancienne) en référence aux céréales cultivées dans les champs environnants. On trouve également Roc'h Gwiniz, la roche au froment, juste à côté du Grand Mez de Goëlo.
  • Môger est un mur ou une muraille ; Port-Moguer.
  • Palud se réfère à un marais, un marécage, une vasière herbue, parfois une dune. La plage du Palus devait autrefois être une zone marécageuse ou une vasière.
  • Gored est une pêcherie ou un barrage, et désigne un cordon de galets ou pierres formant un piège pour attraper les poissons (peut-être l'origine de Port Goret à Tréveneuc).
  • Poull signifie mare, étang, mais aussi un trou en mer où l'on fait bonne pêche. Avec penn pour tête ou extrémité, on obtient penn-poull... pempoull... Au bout de l'étang... il y a Paimpol !
Port Lazo mérite une mention séparée
Divers sites Web mentionnent l'étymologie comme venant du breton Porz Lac'ho signifiant port de la tuerie, du massacre, mais ne lisent pas correctement l'article de l'Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne, qui parle de la « légende du toponyme », et de l'absence de preuves archéologiques et/ou de trace d'écrits permettant de confirmer la fameuse tuerie, qu'elle soit intervenue au IXe siècle, à la période des invasions Vikings ou plus tard durant la Guerre de cent ans. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer le poids de la tradition. En effet, la statue de Notre-Dame du Gavel faisait l'objet d'une procession jusqu'en 1906, date où elle a été brisée accidentellement, et il est raporté qu'elle était accompagnée de femmes porteuses de fourches, censées symboliser cette fameuse tuerie attribuée aux « amazones » de Plouézec (pas commodes les ancêtres !). Le port du massacre est donc une possibilité. D'ailleurs, le Dictionnaire celto-breton de Le Gonidec de 1821, qui précède son ouvrage plus important de 1850, mentionne également laz comme signifiant meurtre, massacre, tuerie.
Hélas, pas de mention spécifique sur Port Lazo dans les études scientifiques des années 50 référencées ci-dessus.


Photo © Daniel Deltour
Néanmoins... en me penchant sur l'étymologie dans le cadre de mes recherches et sur le vocabulaire breton tel qu'employé vers 1850, je suis tombé sur laz et lazou, son pluriel, qui est le mot breton pour « perche ». Je préfère cette interprétation. Elle pourrait notamment signifier qu'il y eut à cet endroit dans un temps incertain des mouillages sur pieux pour les embarcations, comme à Gwin Zégal. Vu la proximité des lieux, cela peut se concevoir car si Gwin Zégal est l'un des deux seuls ports en France à avoir conservé cette particularité, ce type de mouillage devait être beaucoup plus répandu jusqu'à une période pas très éloignée. Le problème, c'est que le mot pieu est peûl en breton, pas proche de Lazo du tout ! Ceci dit, Gwin Zégal n'est pas nommé « port aux pieux » non plus.
Autre possibilité plus vraissemblable selon moi, ces perches auraient pu servir de repères pour marquer un élevage marin, des roches à huîtres... Certes, les parcs de type actuel sont inventés en 1858, donc trop tard pour justifier l'étymologie d'un lieu qui existe déjà depuis longtemps, mais l'endroit est connu pour ses huîtres récoltées à marée basse depuis le XVIIIe siècle, ce qui sous-entend l'idée de perches/repères, et en 1848 (donc juste avant la première campagne d'Islande en 1852) la branche industrielle la plus développée dans le canton de Paimpol est l'ostréiculture.
Deuxième point de réflexion, celui de la linguistique, et de la phonétique en particulier. La variation de prononciation entre la fricative sourde "c'h" de lac'ho et la fricative sonore "z" de lazou fait que le rapport de la seconde avec Lazo semble plus logique (pourquoi avoir francisé un "r" guttural en "z" ? Ou alors, il faudrait avoir écrit lazho, le "zh" se prononçant comme "c'h" dans certaines régions de la Bretagne, surtout si l'on tient compte que le "o" peut être prononcé "ou" en breton du Goëlo, comme à Bréhec le milin Hello (moulin des Hellou). La linguistique ne se prononce pas en faveur de la tuerie !
Troisième et dernier argument contre l'interprétation d'une tuerie, celle de la psychologie humaine. Je n'ai pas effectué de réelles recherches en profondeur, mais il semblerait qu'il n'existe aucun autre lieu en France nommé d'après un terme signifiant massacre, tuerie, meurtre... Somme toute, cela n'a rien d'étonnant. Accepteriez-vous d'habiter dans un endroit rappelant des atrocités ? Les noms de bataille prennent celui des lieux où elles se déroulent. Le contraire est plus douteux. Si Port Lazo était effectivement le « port de la tuerie », je pense que la population locale, historiquement très chrétienne, aurait demandé un changement de nom, au moins dans le courant du XIXe siècle.
En l'absence d'une terminologie avérée, les deux interprétations se justifient car rien ne permet d'être affirmatif. Je penche plutôt pour Port Lazo = port aux perches, comme illustré par la photo, mais la question reste en suspens tant que des preuves documentaires n'auront pas fait surface. À chacun de se faire une idée !

Les points cardinaux en breton

* Note : Gwall = mauvais, malin, pernicieux ; spécifique au Goëlo, sert aussi à désigner le nord.

Padel
Comme indiqué supra, il se peut que l'étymologie de Padel, partie de la plage du Vieux-Bréhec située là où se trouvent les roches rouges, voir l'encart infra, ne provienne pas du breton padell (roches plates) mais d'un Monsieur Padel, titulaire de l'autorisation d'exploitation d'une pêcherie sur l'estran, et qui aurait laissé son patronyme au lieu du même nom. Le terme « pêcherie » signifie un grand piège à poissons fixe situé sur l'estran.

Photo © Thierry Raffin
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi tous ces rochers sur le sable à Padel (photos n⁰ 1 à 3 © Guy Prigent), c'est tout simplement qu'il existait au XIXe siècle une pêcherie dont la rangée de pierres extraites de la grève marque le relicat. Cette pêcherie est mentionnée dans l'ouvrage Pêche à pied et usages de l'estran, sous la direction de Guy Prigent, catalogue de l'exposition présentée au Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc, mai-octobre 1998, Rennes : Apogée, 1999 (photos n⁰ 4). Y est décrit l'organisation de ces roches ainsi que leur usage, à savoir une retenue permettant de pêcher le pouillen (frai de crevettes) servant de bouette pour la pêche aux maquereaux de ligne, ainsi que pour ramasser le poisson pris au piège par la marée dans la cuvette artificielle. Les pêcheries sur l'estran ont toujours été très réglementées depuis l'Ancien Régime puisque l'on trouve une ordonnance du roi de France Henri III de 1584 qui interdit bon nombre de pêcheries sur l'estran. Celles-ci font ensuite l'objet de l'octroi d'une concession par ordonnance de Colbert en 1681, puis elles sont supprimées dans le dernier quart du XIXe siècle, à quelques exceptions près. On peut donc imaginer que l'exploitation de cette pêcherie de Padel se soit arrêtée vers 1880, ce qui expliquerait que l'on puisse encore voir ce qu'il en reste malgré les marées et l'envasement de la grève.
Notons également que Jean-Yves Guillouët de Plouha a fait une étude sur cette pêcherie. Ses recherches lui ont permis de dire qu'elle a été construite au XVIIIe siècle à la demande du seigneur de Kerhardy et que son mur d'enceinte était d'environ 2 m de haut. Il existait à cette époque trois autres pêcheries sur l'estran : deux à l'Anse Cochat et une au Palus.
Bréhec et Vieux-Bréhec
J'en termine avec quelques remarques sur l'existence des deux noms Bréhec et Vieux-Bréhec et sur ce que l'examen des cartes ci-dessous suggère. Celles-ci (photos des cartes anciennes © Archives départementales des Côtes-d'Armor, CA 22) sont tirées du cadatre napoléonien, réalisé pour la région entre 1832 et 1833, ainsi qu'une carte marine de 1820-1830. Afin d'en faciliter la visualisation et la lecture des noms, j'ai assemblé la carte marine de la photo n⁰ 1 à partir des trois scans fournis par les Archives départementales, puis agrandi chacune des parties sur lesquelles vous pouvez zoomer avec les icônes de droite après avoir cliqué sur les photos.
La photo n 4 est celle qui nous intéresse au premier chef. Tout d'abord, le nom de l'anse et du village est Brehech. Il ne concerne que la portion droite de la baie puisque le village sur la carte correspond à la partie actuelle occupée par le Vieux-Bréhec. Du côté Plouézec, il n'y a rien hors le moulin des Moines (de Beauport) et quelques bâtiments non nommés, que la carte du cadastre (photo n⁰ 5) mentionne comme le lieu-dit Keriblanc, nom aujourd'hui disparu pour faire place au lieu-dit de Kerguen (carte IGN au 1:17000, photo n⁰ 8, © Geoportail), à moins qu'il ne s'agisse d'une erreur du cartographe puisque Keriblanc existe aussi comme lieu-dit de Plouézec, entre Coat Saliou et Kernarhant, donc à une encablure de l'endroit marqué comme tel sur la carte. La route actuelle, Côte des Terre-Neuvas, qui remonte vers le Questel n'existe pas encore passé la bifurcation à droite, l'actuelle Route de la Corniche, qui grimpe la côte pour rejoindre Traou Kertanguy, puis Le Questel. La comparaison entre les deux cartes prouve d'ailleurs que la carte marine prédate le plan cadastral. En effet, la route partant de Run Helliou (mal indiqué comme Runchon), et s'arrêtant pour faire place à un chemin, est terminée sur le plan de 1832.
Quant à la toponymie nautique, Beg min rouz est appelé Pointe de Brehech. Berjule est bien présente, mais entre les deux, on lit deux références, dont j'ignorais l'existence, Pointe de Pourouille et Pointe de Trauroux avant de retrouver Minard, référencée Minarque. À ma connaissance, on passait de Berjule à Minard ! C'est également ce qu'indique l'extrait de la carte au 1:20 000 du SHOM de 2016, photo n 7. Toutefois, les anciens du Questel et de Minard parlaient de Traoulour comme coin de pêche (traou = vallée ou bas-fond), ce qui explique sans doute la référence à la Pointe de Trauroux sur cette carte bien qu'elle ait disparu des cartes modernes. On m'a rapporté que, jusqu'à la forte tempête de 1999, trois pins sur la falaise en marquaient l'endroit. Quant au terme Pourouille, il est intéressant de noter que si les hydrographes ont inscrit cette pointe, c'est que les habitants de l'époque devaient lui donner ce nom, sans pouvoir juger de son origine ni de la justesse de sa francisation. Je présente néanmoins une tentative d'explication : on peut imaginer une mauvaise francisation du mot peûreul, dont le sens premier est « mouillé », mais qui est également utilisé comme signifiant « pétoncle » ou « palourde » selon le Dictionnaire celto-breton ou breton-français de Jean-François Marie Maurice Agathe (!) Le Gonidec de 1821. Ces dernières étant très communes à Bréhec, les locaux ont pu nommer ce qui est rapporté sous le nom Pointe de Pourouille comme l'endroit où l'on trouvait des palourdes, ou ont pu vouloir décrire une caractéristique géophysique qui en revêtait la forme. Enfin, on observe la présence de la grève des galets bleus de Porz Pin (Ports-pine) mais l'absence de Porz ar Birnec avant la Pointe de Trauroux, le reste de la carte étant identique à celle du SHOM avec la Pointe de Kerlite, Porz Donan et la Pointe de Bilfot.
Cette absence d'habitation à Bréhec « jeune » correspond aux recherches que j'ai effectuées sur les recensements de Plouézec à partir de 1856. De ce côté de la baie, la première mention de Bréhec se trouve dans celui de 1872. De plus, entre les livrets de 1856, 1861 et 1866, les noms de lieux-dits de l'arrondissement du Questel changent, ce qui ne facilite pas la tâche ! En revanche, les recensements de Plouha de la même époque indiquent bien Bréhec et non Vieux-Bréhec. La carte marine et celle du cadastre montrent bien qu'il n'y a aucune habitation au moment où elles sont tracées. Cela correspond au fait que Bréhec est alors une zone marécageuse avec des versants très escarpés, dont l'assainissement commence tout juste lorsque les biefs sont aménagés et le moulin de la Grève construit (voir la photo n⁰ 6). C'est à partir de la 2ème moitié du XIXe siècle que les travaux destinés à permettre le passage des charettes et tombereaux qui remontent le maërl sur Lanloup, que viennent décharger les gabarres, accélèrent l'assainissement des marais et l'arrivée des premières maisons côté Plouézec que l'on peut donc estimer à 1850-60, soit les années de construction de la digue (à confirmer par l'examen des permis de construire).


Photo © Christian Lugrezi
Se pose ainsi la question de savoir quand Bréhec devient le Vieux-Bréhec et que le Bréhec actuel prend son nom. Dans l'état actuel de mes recherches, je n'ai pas de réponse, autre qu'il semblerait que le Bréhec actuel prenne son nom au début du dernier quart du XIXe siècle, par référence à celui historique situé de l'autre côté de la pointe les séparant à marée haute, tandis que le Bréhec d'origine devient « ancien » plutôt au début du XXe siècle, au fur et à mesure que le « jeune » Bréhec devient le centre économique du village. La dénomination actuelle est sans doute l'intégration de facto d'une tradition orale.
Lanloup
Bourg appelé Lanleñv en breton (le "v" est une lettre d'exceptions qui ne se prononce pas derrière le "ñ", appelle parfois une prononciation en "ou", tandis qu'elle se prononce "f" en fin de verbe, et "o" en fin de mot !), l'étymologie de Lanloup est sans doute due à l'évèque de Troyes, Lupus, compagnon de saint Germain d'Auxerre qui se rendit en Grande-Bretagne au Ve siècle vers 448 pour y combattre l'hérésie pélagienne. Si ce Lupus ne laissa pas de trace notable en France, il semble que ce fut le cas chez les émigrants des Ve et VIe siècles. Saint-Loup devient donc l'éponyme de la petite paroisse de Lanloup (lann est le mot breton qui désigne un ermitage), que l'on retrouve mentionnée par écrit à cinq reprises entre 1252 et 1258 dans les chartes de l'abbaye de Beauport, et située sur le territoire septentrional de Plouha. La paroisse de Lanloup est également inscrite comme appartenant à l'évêché de Dol (Eskopti Dol) en 1263, et le restera jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Enfin, un acte de mariage de 1266 cite Roland de Lanlop (sans "u") comme son seigneur lorsqu'il épouse la fille de Geslin de Coëtmen.
Dessin de l'église de Lanloup par Paul Chardin, 1885
Sous la Révolution, le 17 janvier 1794 (28 nivôse an II), le district de Pontrieux en charge de la région, ayant ordonné le changement de nom des villages et villes dont les noms rappellent « le règne odieux de la féodalité et de la superstition », prend un arrêté conférant à Lanloup, ou Saint-Loup comme l'on disait indifféremment, le nouveau nom officiel de Lanmor (lan mor = lande mer), qui devient à cette occasion chef-lieu de canton. La même année, les maires sont désignés sous le terme «agent municipal». Voir la section sur les anciens maires de Lanloup infra. Sous l'Empire, Lanloup cesse d'être chef-lieu de canton le 9 août 1804 (22 thermidor an XII) et reprend son nom officiellement le 8 juillet 1814.

Photo © Le Coat
Géographie
Bréhec
La première description très détaillée et correcte de l'anse de Bréhec n'est pas tant celle du Pilote Français de Charles-François Beautemps-Beaupré, premier ouvrage moderne en 6 tomes, publié entre 1822 et 1843, décrivant l'ensemble du littoral de la Manche et de l'Atlantique (notamment la 4ème partie: Depuis l'Île de Bréhat jusqu'à Barfleur, 1838 ; sur Gallica ici), mais surtout celle qui nous provient des travaux du Capitaine de frégate Charles-Athanase Thomassin (1827-1896), à qui l'on doit Pilote de la Manche, côtes nord de la France, en 3 volumes, dont celui qui nous intéresse est la troisième partie intitulée Des Héaux de Bréhat au cap de la Hague, Paris: Challamel aîné, 1875. Malheureusement, un ouvrage pas encore référencé sur Gallica. Les cartes modernes restent relativement inchangées depuis au niveau de la justesse du tracé des côtes de celles fournies dans le Thomassin.

Carte de Beautemps-Beaupré, Pilote Français Vol. 4, 1838 © Gallica
Le terme pilote est donné à un recueil comprenant des cartes marines avec relevés, cartes générales et plans de détails, vues des principaux dangers avec des alignements et relevés précis, le tout complété par des tableaux sur la marée. Ce type d'ouvrage marque le début de la cartographie marine moderne en France. À ce propos, le SHOM a commercialisé certaines de ces cartes jusqu'en 1990 avant de les mettre en ligne gratuitement. En sus d'instructions claires, le Pilote consacre la fin de la culture orale de transmission du savoir des pilotes côtiers, lamaneurs et maîtres de cabotage pour faire place à une culture écrite et scientifique avec une description graphique des côtes. Pour les férus de cartographie marine et de son histoire, je recommende le livre d'Olivier Chapuis tiré de sa thèse, À la mer comme au ciel : Beautemps-Beaupré & la naissance de l'hydrographie moderne, 1700-1850 : l'émergence de la précision en navigation et dans la cartographie marine, Presses Paris Sorbonne, 1999.
Pour ce qui concerne la géographie maritime de Bréhec, le plus simple est de se référer au dossier de 2002 référence IA22001204 du Centre de documentation et de l'inventaire du patrimoine culturel. Il y est dit verbatim :
Environnement
La vallée littorale de Bréhec est bordée de hautes falaises, avec des zones boisées de feuillues proches du rivage et des landes. L'intérêt biologique des landes (Minard, Berjul, Bilfot) est à souligner, des vallons (Pors-Donan) et des îles (nidification d'oiseaux marins au Grand Metz Goëlo). L'ensemble falaises et îles (inhabitées) est classé en ZNIEFF de type 1, soit en Zone naturelle, intérêt écologique, faunistique et floristique. La forte fréquentation des pointes rocheuses et du sentier littoral doit amener à éviter la création ou l'élargissement des accès, et en particulier pour les véhicules à moteur.
Premiers aménagements
Bréhec est un petit village situé au milieu de l'anse formée par la pointe de Bréhec au nord et la pointe de la Tour au sud, dans l'ouest, nord ouest du Taureau. La grève assèche à 5 m et il y a, sur la côte nord, une jetée de 50 m qui court au sud, et, dont la tablette est élevée de 2 m au-dessus des grandes marées. Des travaux ont été effectués pour rallonger la digue, avec des enrochements à la fin du 19e siècle, aménager un perré et un terre-plein, en bas de la falaise pour le passage des charrettes. Un second quai perpendiculaire à cette digue, été érigé dans la 2ème moitié du 20e siècle, avec une cale et un chemin d'accès, tandis que le ruisseau qui se déversait au milieu de la plage était détourné et comblé. L'anse de Bréhec est orientée plein nord, protégée des vents de nord ouest par une digue insubmersible, elle offre un abri pour les bateaux de plaisance. La plage est très fréquentée pendant la période estivale. L'intérêt biologique de l'estran sédimentaire est à souligner.
L'anse de Bréhec aujourd'hui
L'anse de Bréhec est aménagée depuis longtemps, puisque la jetée qui abrite le port remonte à 1861. Elle est fréquentée par les baigneurs depuis un siècle. Les villas qui la bordent ont souvent été construites trop près de la mer, et on a dû les protéger, une par une, par des murs construits empiriquement, selon des procédés et des alignements variés. Ce manque d'unité incite à proposer que si on est amené un jour à reprendre l'ensemble, il faudra construire une protection formant un arc de cercle régulier, dont le plan soit calqué sur celui des laisses des plus hautes mers, même si on devait pour cela empiéter ici sur le Domaine Public Maritime, et ailleurs mordre un peu sur les propriétés privées ; chacun y trouvera son compte à long terme. Ce mur arqué devra être solidement ancré, et dûment muni de barbacanes à divers niveaux, pour éviter la rétention d'eau qui ne manquerait pas d'en provoquer la dégradation à long terme. D'autre-part, s'il semble bien que toutes les résidences soient reliées au tout à l'égout en ce qui concerne les eaux usées, il demeure un problème d'eaux pluviales, concentrées au pied des édifices et des terrasses, et qui pour certaines résidences ne sont pas conduites à la mer, et donc s'infiltrent.
La jetée de Bréhec
La jetée de Bréhec construite de 1860 à 1866 a un profil type, en moellons et pierres de taille, liés par du ciment de Portland. Du côté du large, le massif de la jetée est bordé par un parapet de protection. Selon la règle générale, il est arasé à 2 ou 3 m au-dessus de celui-ci. La hauteur du parapet, entre 1,50 et 3 mètres s'élève de 2 à 3 m au-dessus de celui-ci. La hauteur du parapet, entre 1,50 et 3 m équivaut à sa largeur. Le couronnement de la jetée du port de Bréhec s'arrêtant au niveau des plus hautes mers d'équinoxe, par des vents de nord-est, est et sud-est, les lames devaient franchir la jetée, empêchant toute approche quelconque, un parapet devait permettre de pallier ce défaut.
Les aménagements de la 2e moitié du 20e siècle au port de Bréhec
En 1970, est créé le SIVOM de Bréhec, qui inclut les communes de Lanloup, Plouha et Plouézec. Le SIVOM s'associe à l'Amicale locale des plaisanciers de Bréhec, pour mener à bien le rallongement de la digue en trois phases, à partir de 1975 : Travaux de dérochage le long de la falaise. Le terre-plein est aménagé en perré avec un mur en granite. La digue est rallongée avec un enrochement au bout et la mise en place d'une perche de balisage. Cale d'accès au port et la réalisation de 120 mouillages.
Pour une description pleine de charme, vous pouvez également consulter :

Géographie humaine
Il est difficile de parler de la géographie humaine de Bréhec étant donné que le village est séparé en deux au niveau administratif et que les données sur le nombre d'habitants se retrouvent amalgamées dans celles générales de Plouézec et de Plouha. De plus, les recensements présentés en ligne par le site des archives départementales s'arrêtent à 1936 pour les derniers. Dans les années 1980, on dénotait 19 habitants en hiver. L'évolution récente est plutôt à la hausse, avec plus de résidents à l'année, mais j'ignore le nombre exact à l'heure actuelle.
Si l'absence de commerce de proximité pose problème, on peut imaginer que l'arrivée (tant attendue) de la fibre optique permettra peut-être au village d'accroître sa population si le télétravail devient une réelle option. Il est aussi possible d'imaginer dans un futur pas très lointain le développement des services de livraison à domicile, permettant ainsi aux personnes sans moyen de transport personnel d'envisager Bréhec comme leur lieu de résidence principal. En l'état actuel des choses, la vie à Bréhec 365 jours par an n'est pas envisageable pour la plupart des actifs, également par manque de débouchés économiques au niveau local, ce qui explique la grande majorité de résidences secondaires et de résidents retraités.
En attendant d'éplucher les recensements de Plouha et de Plouézec de manière approfondie, je ne pense pas me tromper en déclarant que la population du village a dû atteindre son pic dans les années 1910. À cette époque, il y a encore une présence des douanes, le port a une activité commerciale avec le déchargement de maërl et la pêche, les premiers hôtels sont construits, la carrière est en service, des commerces sont présents, notamment l'épicerie Bré et plusieurs cafés. Sans oublier que le viaduc est en construction, ce qui doit forcément attirer des ouvriers qui s'installent dans le coin.

Carte postale de Jean-Baptiste Barat, cliché pris en 1914. L'Hôtel Guillerm et son Restaurant Parisien au pied du viaduc.
La pêche à Bréhec
Une activité commerciale qui a perduré au XXe siècle à Bréhec est celle de la pêche.
Avant-guerre et jusque dans les années 1950, deux pêcheurs professionnels habitaient aux Vieux-Bréhec sur la route de la Corniche et proches l'un de l'autre. L'un, la maison qui fait l'angle du chemin qui repart dans les champs après le camping le Varquez ; l'autre, la maison dite « du peintre Hamon » (voir la carte Barat 554 section 1901-1910). Ils s'appelaient Désiré Gouarin et Albert Gouarin, et bien que portant le même patronyme, n'avaient pas de lien de parenté proche.
En partant de la période moderne, et jusqu'au début des années 1990, certains marins pêcheurs professionnels étaient basés au port de Bréhec. Il y avait notamment Yves Hamon (dont l'épouse, Yvonne, tenait l'épicerie-bar l'Escale) qui naviguait avec son « Face au destin », les frères Yves (Nif) et Joseph (Job) Even de Plouha, et leur « Marcel-Augustine » ; les frères Duval (Gérard et Jean-Claude), originaires de Normandie mais dont le « Sant-Guirec » était au mouillage dans le port. Également présents à Bréhec, Rémi Quéré de Port Lazo à Plouézec, Christian Dauphin de Paimpol sur le « Boulmic » et Fernand Bolloc'h de Goudelin sur le « P'tit Grippet ». La liste n'est pas exhaustive, vous en connaissez peut-être d'autres.
Grâce à l'iconographie fournie par Pascal Quéhec (références 1, 2, 3 et 4) et à quelques cartes postales, il est possible d'illustrer la présence de leurs chalutiers et canots. La photo n⁰ 1 date de l'hiver 1978, avec le « Sant-Guirec » le long du quai et le « Marcel-Augustine » à droite. La photo n⁰ 2 (photographe Yvonnig de Paimpol) est prise durant l'hiver 1987 et montre les même bateaux qu'en 1978. À l'arrière-plan, l'un des frères Duval à l'avant de son bateau. Au premier plan, Jo Breton debout  en bleu et, penché en ciré jaune, Joël, ouvrier de François Hellequin, garagiste à Lanloup avec son frère « P'tit Louis », qui remontait les bateaux du port. On reconnaît la Jeep caractéristique du garage que certains parmi vous se rappelleront avoir souvent vu dans le port à cette époque. La photo n⁰ 3 montre le « P'tit Grippet » et un tout petit bout du canot de Rémi Quéré à droite (pas de référence de nom). La photo n⁰ 4 prise durant l'été 1977 montre les frères Even, en route vers la Pointe de Berjule pour le relevage des casiers.
Les quatre cartes postales suivantes témoignent de cette activité au cours des décennies. Le « Face au destin » se retrouve sur la photo n⁰ 5, carte postale des Éditions Vacances de la fin des années 60, et le «Marcel-Augustine» sur les deux cartes suivantes du début des années 1970 des éditeurs Landouar et Jack, photos n⁰ 6 et 7. Sur la carte de Landouar, on reconnaît aussi les canots de François Hellequin et de « P'tit Jean » Hamon. La dernière carte postale Jack des années 1980, photo n⁰ 8, nous permet de voir les bateaux des frères Duval et des frères Even sur un cliché pris d'une partie du sentier des douaniers, inaccessible aujourd'hui en raison de l'éboulement de la falaise à cet endroit lors de la grande tempête de mars 2013, le grand pin visible sur la carte ayant disparu à ce moment-là.
Géologie de Bréhec
Sans rentrer dans des explications scientifiques détaillées, il faut néanmoins parler des fameuses roches rouges et vertes inscrites au patrimoine géologique, encore que réduire la falaise du littoral et le platier rocheux à ces deux teintes ne rend pas justice à l'explosion de couleurs des diverses strates et galets de Padel. Le site est défini comme indiqué sur la carte IGN à l'échelle 1:5 000, qui couvre une superficie de presque 9 hectares. À noter que l'épouse de François Ters, Mireille, soutint une thèse en 1959 intitulée La baie de Bréhec (Côtes-du-Nord) et son arrière-pays : Étude géomorphologique.
La définition scientifique donnée par la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne décrit le site comme suit :
« Les séries rouges des bassins de Bréhec reposent sur un substratum briovérien et sont associées à un volcanisme d'âge ordovicien. ».
Pour faire simple, ces roches sont pour la plupart des argilites dont les variations de couleur sont dues à de l'oxyde ferrique pour le rouge et de l'hydroxyde ferreux pour le vert, avec de la chlorite pour le vert plus foncé. L'Office de Tourisme de Plouha propose une visite guidée du lieu. Voir la page ici pour les modalités de réservation. Notons que les roches sont encore plus belles lorsque mouillées. Parfaite activité pour un jour de pluie suivi d'une embellie !
Une image valant mieux qu'un long discours, je vous propose d'illustrer ce paragraphe sur les roches rouges de Bréhec à l'aide d'un diaporama. La photo n⁰ 1 montre le platier rocheux en regardant vers Bréhec et la n⁰ 2, la multitude de couleurs observées à Padel. Les superbes photos suivantes, n⁰ 3 à 10 de Thierry Raffin et n⁰ 11 à 13 d'Eric Pontfire, donnent un bel aperçu d'ensemble de la beauté naturelle du site.
Lanloup
En ce qui concerne la géographie de Lanloup, voici quelques données établies grâce à diverses sources, mais principalement celles de l'Insee. Je mettrai ici plus tard un paragraphe sur les différents quartiers de Lanloup. J'essaierai également de mettre en forme un paragraphe sur les anciens commerces de Lanloup, de l'après-guerre aux années 80 dans la partie historique.
Climat
Le climat de la région est qualifié de «climat océanique franc » selon la typologie officielle pour la France. La caractéristique principale de ce type de climat est d'être marqué par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante en raison des perturbations venant de l'Atlantique, avec une fréquence plus élevée d'octobre à février.
Pour la période 1971-2000, la moyenne annuelle de température s'établit à 10,9 ⁰C et le cumul annuel de précipitation est de 735 mm avec une moyenne maximum de 12,8 j de précipitation en janvier et minimum de 6,5 j en juillet.
La station météorologique la plus proche de Bréhec-Lanloup se trouve à Lanleff, mise en service en 1987. Avant cela, c'est celle de Saint-Brieuc sur la commune de Trémuson qui faisait référence.
Géographie humaine
Données générales
Lanloup se trouve dans le département des Côtes-d'Armor, anciennement appelé Côtes-du-Nord (décret de redénomination du 8 mars 1990).
Les gentilés sont les Lanloupais et Lanloupaises.
Lanloup fait parti de l'académie de Rennes, en zone de vacances scolaires B.
Son code postal est 22580. Son code Insee est le 22109. L'indicatif téléphoniques des lignes fixes est le 02 96.
Urbanisme
Lanloup couvre une superficie de 245 ha pour une élévation moyenne de 52 m.
Cette superficie couvre une occupation biophysique des sols qui est de 84,7 % en 2018, une légère baisse par rapport au chiffre de 95,6 % de 1990. Les chiffres de 2018 donnent une répartition de : zones agricoles hétérogènes (52,8%), terres arables (31,9%), zones urbanisées (10,9%), forêts (4,4%).


Photo © Vincent Meurzec
Démographie
Lanloup  a toujours été un petit village depuis la Révolution puisque ne dépassant de peu les 500 habitants que sur une période de 70 ans (1821-1891). L'évolution de la population peut se schématiser grâce aux recensements comme suit  (LDH/EHESS/Cassini jusqu'en 1999 ; Insee depuis 2006) :
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
347402403514552559573586552
1856
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
544527502500593611503507460
1901
1906
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
448451444369383377391396358
1962
1968
1975
1982
1990
1999
2006
2011
2016
331284236209195214261265230
2017
20182019202020212022


222215210201193185


Pour la période moderne, la population est passée de 284 habitants en 1968 à 185 habitants en 2022, soit une évolution de presque -35 % en 54 ans. Après le léger regain des années 2000, sans doute due à l'attractivité du prix du , encore très compétitif pour la région à ce moment-là, cette tendance à la baisse se poursuit depuis quelques années. Ceci s'explique essentiellement par la situation de Lanloup par rapport aux communes voisines, notamment en ce qui concerne l'absence de commerces de proximité, la fréquence espacée du seul service de transport en commun effectuant la liaison Saint-Brieuc / Paimpol, et n'offrant plus de bus passé 18 heures, donc peu utile pour les actifs, ainsi que l'absence d'un établissement scolaire pour le primaire depuis 1981. À ce propos, l'Amicale laïque fondée en 1951, qui rassemblait les anciens élèves, parents et amis de l'école publique, a entériné sa dissolution le 31 décembre 2017, reflet d'une population vieillissante.
Répartition par sexe et par tranches d'âge
En 2022, Lanloup compte 52% de femmes et 48% d'hommes.
Les dernières données indiquent que 90 habitants sont mariés, 8 habitants sont pacsés et 5 habitants vivent en union libre. 19 habitants sont divorcés, 20 habitants sont veufs ou veuves, et 46 habitants de 15 ans ou plus sont célibataires.
Au niveau des tranches d'âge, la plus importante est celle des 60-64 ans, qui représente 17 femmes et 12 hommes pour un total de 29 personnes, soit 14% de la population.
La seconde tranche d'âge de la population la plus importante de Lanloup est celle des 70 à 74 ans avec 13 femmes et 7 hommes soit 20 personnes.
La 3eme est celle des 65 à 69 ans avec 11 femmes et 9 hommes pour un total de 20 personnes.
La 4ème est celle des 40 à 44 ans avec 11 femmes et 9 hommes pour un total de 20 personnes.
La 5ème est celle des 45 à 49 ans avec 7 femmes et 10 hommes pour un total de 17 personnes.
La 6ème est celle des 55 à 59 ans avec 9 femmes et 5 hommes pour un total de 14 personnes.
La 7ème est celle des 10 à 14 ans avec 3 filles et 10 garçons pour un total de 13 personnes.
La 8ème est celle des 75 à 79 ans avec 5 femmes et 8 hommes pour un total de 13 personnes.
La 9ème est celle des 35 à 39 ans avec 5 femmes et 7 hommes pour un total de 12 personnes.
La 10ème est celle des 15 à 19 ans avec 5 filles et 5 garçons pour un total de 10 personnes.
La 11ème est celle des 50 à 54 ans avec 6 femmes et 3 hommes pour un total de 9 personnes.
La 12ème est celle des 80 à 84 ans avec 5 femmes et 4 hommes pour un total de 9 personnes.
La 13ème est celle des 5 à 9 ans avec 4 filles et 5 garçons pour un total de 9 personnes.
La 14ème est celle des 0 à 4 ans avec 4 filles et 3 garçons pour un total de 7 personnes.
La 15ème est celle des 20 à 24 ans avec 3 femmes et 4 hommes pour un total de 7 personnes.
La 16ème est celle des 85 à 89 ans avec 3 femmes et 2 hommes pour un total de 5 personnes.
La 17ème est celle des 100 ans et plus avec 5 femmes et 0 homme pour un total de 5 personnes.
La 18ème est celle des 30 à 34 ans avec 1 femme et 3 hommes pour un total de 4 personnes.
La 19ème est celle des 25 à 29 ans avec 2 femmes et 2 hommes pour un total de 4 personnes.
La 20ème est celle des 90 à 94 ans avec 2 femmes et 1 homme pour un total de 3 personnes.
La 21ème est celle des 95 à 99 ans avec 0 femme et 1 homme pour un total de 1 personne.
Ménages et catégories socio-professionnelles
Le nombre de ménages à Lanloup s'élève à 114.
50 d'entre-eux ne comptent qu'une personne, 48 en comptent 2, 8 ménages sont au nombre de 3, et 8 ménages comptent 4 personnes.
Enfin, les chiffres des catégories socio-professionnelles de la population parmi les personnes en âge de travailler sont :
15 personnes sont artisans, commerçants ou chefs d'entreprise.
10 personnes sont cadres ou professions intellectuelles supérieures.
37 habitants sont de professions intermédiaires.
27 habitants sont employés.
12 habitants sont ouvriers.
61 habitants sont retraités.
36 habitants sont sans activité.

Carte postale des années 70 © les Éditions du Gabier
État du parc immobilier en 2022
Résidences principales
Sur les 115 logements occupés au titre de résidences principales par les ménages, 91 ménages en sont propriétaires et 22 sont locataires. Cela représente un taux de propriétaires de 79 %, le taux de propriétaires est en hausse sur 5 ans, il était alors de 76 %.
Il y a 222 maisons individuelles à Lanloup. Le nombre de maisons individuelles a baissé de -5% en 5 ans, soit 11 maisons de moins.
Il existe 20 appartements à Lanloup. Le nombre d'appartements est en hausse de 25% sur 5 ans, soit 4 nouveaux appartements.
Sur 50 ans, le nombre de logements est passé de 155 en 1968 à 242 en 2018. Soit une évolution moyenne annuelle de 2 nouveaux logements.
Sur une période plus courte de 10 ans, l'évolution du nombre de logements annuel est en baisse de -1 logements chaque année.
Les données suivantes concernent les 115 logements de Lanloup occupés au titre de résidence principale. La taille moyenne des logements en résidence principale est de 5 pièces, 1 logement de 1 pièce, 8 logements de 2 pièces, 16 résidences principales de 3 pièces, 34 logements de 4 pièces et enfin 56 logements de 5 pièces ou plus.
99% des résidences principales disposent d'une salle de bain avec baignoire ou douche, 30% ont un chauffage central individuel, 47 % ont un chauffage individuel éléctrique. 97 ménages ont au moins une place de parking alors que 104 ménages disposent au moins d'une voiture. 61 ménages disposent d'une voiture et 43 ménages ont deux voitures ou plus.
Résidences secondaires
47% des logements de Lanloup sont occupés comme résidence secondaire. Soit un total de 114 résidences secondaires. Il y a moins de résidences secondaires sur 5 ans, la baisse est de -7%, soit 9 résidences secondaires de moins.
5% des logements de Lanloup sont vacants, c'est-à-dire proposés à la vente ou à la location, en attente de succession, ou sans affectation précise. Soit un total de 12 logements vacants. Le nombre de logements vacants est en hausse sur 5 ans de 71%, soit 5 logements vacants de plus.
Mobilité des ménages et lieu de travail
Les ménages vivant à Lanloup ont emménagé depuis 11 ans, en moyenne. Chaque année, en moyenne, 6 ménages emménagent à Lanloup. Il y a moins de ménages a emménager chaque année à Lanloup depuis 5 ans, la baisse est de -29%. 12 ménages avaient emménagé depuis moins de deux ans en 2018, contre 17 en 2013. 14 ménages ont emménagé depuis 2 à 4 ans, 26 ont emménagé depuis 5 à 9 ans, 25 ménages vivent à Lanloup depuis 10 à 19 ans, 16 vivent à Lanloup depuis 20 à 29 ans, 22 ménages habitent Lanloup depuis 30 ans ou plus.
17 % des personnes travaillent sur le territoire de Lanloup, 78% des personnes travaillent dans une autre commune du département, 6% des personnes travaillent dans une autre région.
Vous pouvez également consulter les sites suivants pour obtenir plus informations :
Mairie de Lanloup - http://www.lanloup.bzh
Article Wikipédia sur Lanloup - https://fr.wikipedia.org/wiki/Lanloup
Description des monuments principaux - http://docarmor.free.fr/valarmor/valouest/lanloup1.htm

Maires de Lanloup
Yannick Le Bars - 2014, réélu en 2020
Louise-Anne Even - 2008 à 2014
Hubert Blanchard - 1995 à 2008
Louise-Anne Even - 1983 à 1995
Jean Le Gall - 1977 à 1983
Yves Lejean - 1971 à 1977
Jean Le Gall - 1959 à 1971
Joseph Quéhec - 1953 à 1959
Ernest Rivoallan - 1945 à 1953
Henri Gazengel - 1938 à 1945
Pierre Le Cornec - 1884 à 1938
François Pierre - 1880 à 1884
François Le Cornec - 1864 à 1880
Pierre Le Cornec - 1848 à 1864
Jacques Bittoré - 1830 à 1848
Jean-Marie Trébouta - 1821 à 1830
Jacques Le Meur - 1815 à 1821
Jean Le Saux - 1801 à 1815
François Luce - 1800 à 1801
Joseph Le Mesle - 1797 à 1800
Pierre Guézou - 1796 à 1797
Gilles Menguy - 1794 à 1796
Guillaume Sallou - 1793 à 1794
Claude Le Cornec - 1790 à 1793
Note : avant 1800, les maires sont appelés officiers publics à la Révolution, puis agents municipaux à partir de 1794. Les premières élections se font au suffrage censitaire. À partir de 1800, le terme maire est employé mais ce sont les préfets qui nomment le maire parmi les conseillers municipaux élus des communes de moins de 5 000 habitants, nombre ajusté à moins de 3 000 à partir de 1831 et jusqu'en 1848. De 1848 à 1852, le suffrage universel fait son apparition, jusqu'au retour des nominations par le préfet de 1852 à 1871, toujours pour les communes de moins de 3 000 habitants. À partir de 1871, le mode d'élection au suffrage universel est tel qu'on le connaît aujourd'hui, jusqu'à l'élection municipale de 1945 qui voit les femmes voter pour la première fois le 29 avril.
La sépulture où repose Pierre Le Cornec mentionne qu'il fut chevalier de la Légion d'honneur (nommé en 1927) et maire de Lanloup de 1884 à 1938. Cette très longue mandature de 54 ans le positionne à la 24ème place ex aequo dans la liste actuelle des maires de France ayant servi leur commune le plus longtemps.
Je salue également ici Célestine Gestin (née Le Cavorzin), toujours « bon pied-bon œil » malgré son grand âge au moment où j'écris ces lignes, qui fut secrétaire de mairie pendant de longues années après-guerre.
Le site de la mairie permet de lire le bulletin communal trimestriel ainsi que les comptes-rendus du Conseil municipal.
Histoire
Pour plus d'information sur l'histoire locale, je vous conseille de consulter les Carnets du Goëlo, publication de la Société d'études historiques et archéologiques du Goëlo (SEHAG), société savante dont l'objet est de recenser, rechercher, sauvegarder et faire connaître tout document, objet ou monument relatif à l'histoire et à la préhistoire des cantons de Paimpol, Lanvollon, Plouha, Pontrieux, Plouagat, Chatelaudren, Étables-sur-Mer et des communes de Binic, Plérin et Trémuson, c'est-à-dire le Goëlo historique. Site Web ici.
En remontant à l'époque des Celtes, le territoire de Bréhec et de Lanloup appartient à la tribu gauloise des Osismes ou Ossismiens, puis est intégré à la Civitas Ossimiorum de l'Empire romain. Peu de choses sont connues de ce peuple, mentionné par César dans De Bello Gallico, ses commentaires sur la Guerre des Gaules,  comme faisant partie de la Confédération armoricaine. Plus précisément, au chapitre VII, 75, parlant des contingents demandés pour apporter de l'aide à Vercingétorix assiégé dans Alésia :
« [XXX milia] universis civitatibus, quae Oceanum attingunt quaeque eorum consuetudine Armoricae appellantur, quo sunt in numero Curiosolites, Redones, Ambibarii, Caletes, Osismi, Lemovices, Venelli. »
[trente mille (hommes demandés) à l’ensemble des peuples qui bordent l’Océan et qui selon leur habitude se donnent le nom d’Armoricains : Coriosolites, Redons, Ambibarii, Calètes, Osismes, Lémovices, Unelles.]
Le terme Armoricae est la latinisation de Aremorica, le « pays qui fait face à la mer ». C'est tout du moins l'acceptation des étymologistes qui considèrent que le mot est formé de are/war/ar (devant) mori/mor (mer) iko/ika (ceux qui). En d'autres termes, à l'époque latine, cela concerne tous les peuples riverains de la Manche et pas seulement ceux de la Bretagne en soi. Au moment de la Guerre des Gaules, l'Armorique gauloise s'étend de Royan jusqu'à Abbeville. Les Osismes occupent toute la pointe de la Bretagne, jusque vers Lorient au sud, la région de Vannes appartenant aux Vénètes, et vers Saint-Brieuc au nord, début du territoire des Coriosolites. Cliquez pour agrandir la carte de Lecedre.

Une côte militarisée à la Révolution
En mars 1793, la Pointe de Minard n'est pas pourvue de batterie, seulement d´un signal qui communique à l'est avec Plouha et à l'ouest avec la Pointe de Bilfot. Jacques Leroux en est le gardien. Pour défendre l'anse de Bréhec, en 1794, on enlève une pièce de 18 de la Pointe de Bilfot pour la placer à la Pointe de Minard. En 1795, la situation stratégique de la pointe décide les autorités à y aménager une batterie plus importante. Le petit corps de garde sera ensuite démoli pour construire le fort. Le nouveau corps de garde sera construit au bout de 6 mois, utilisant pour sa charpente des madriers fournis par l'abbaye de Beauport.
À Plouézec, il y a de la terre à poterie ; aux mâts de Goëlo, on remarque de la chaux carbonatée; près de Beauport, il existe de la baryte. Deux batteries dominent ces rivages: l'une est la batterie de Minard, dans la commune de Lanloup. Elle est armée de deux canons de dix-huit; elle a un épaulement en terre et il s´y trouve un corps de garde, sans poudrière. Son objet est de protéger un petit mouillage qui n´a rien de fort intéressant pour le commerce; l'autre est la batterie de Plouha sur la pointe de ce nom, à 7 km au nord de Saint-Quay. Cette batterie a pour destination de tenir l´ennemi au loin, et d'empêcher ces corsaires de profiter d´un bon mouillage dit la Pierre à la mauve («Roc'h ar Goëlan»), à 800 m à l'est-nord-est, ce qui leur était habituel.
François-Marie-Guillaume Habasque, Notions historiques des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc : Veuve Guyon, libraire, 1832, p. 198-199, 267.
Illustration © Alain Le Nerrant pour l'ouvrage Le Goëlo dans la Révolution - Plouha et ses environs, Association Talents cachés, 1989
Notons qu'en 1793, bien que classifié comme possédant moins de 500 habitants, Lanloup est le village important puisque nommé chef-lieu de canton (!) à la Révolution. L'auteur fait-il une erreur ou Minard était-elle réellement considérée comme sise sur le territoire de Lanloup à cette époque ?
Quant à la mention d'attaque habituelle de corsaires, il fait sans doute référence aux actes de brigandage des Chouans et notamment à l'invasion de Plouha et de ses environs le 5 février 1800 (17 pluviôse an VIII) lorsque ces derniers débarquent à Tréveneuc sous les ordres de Mercier la Vendée. L'ouvrage de Jules-Henri Geslin de Bourgogne et Anatole de Barthélémy, Études sur la révolution en Bretagne, principalement dans les Côtes-du-Nord, Paris : Dumoulin, 1858, mentionne l'affaire page 285.
Vous pouvez lire le rapport officiel sur cet épisode établi par le Paimpolais Louis Morand, alors commissaire du Gouvernement pour le canton, et père de Louis-Joseph (1806-1860), premier armateur de la goëlette morutière « l'Occasion » en 1852, en cliquant ici (3 feuillets).

Bréhec
Historiquement, le village de Bréhec est rattaché à Plouha, comme en témoigne le cadastre de 1833 qui lui consacre le feuillet A (cliquez pour agrandir, © AD 22, 1833 Ass et A1). La première carte, dite d'assemblage, montre bien la séparation entre Plouézec et Plouha par le ruisseau Kergolo et les seules habitations du village de Bréhec sont le long de l'actuelle Route du Vieux-Bréhec et au début de la Route de la Corniche, qui s'arrête avant Beau Rivage et ne descend pas encore jusqu'au centre actuel du village (cette route ne sera tracée le long de la falaise que dans les années 1920 et l'escalier ne sera construit que vers 1929-1930 à la construction de l'Hôtel Beau Rivage). Quant à lui, le feuillet E2 du cadastre de Plouézec (© AD 22, 1832 E2) ne relève que le moulin de la grève.
   

Le Moulin de la Grève
Les deux cadastres indiquent bien le Moulin de la Grève mais c'est celui de Plouha qui permet de le localiser précisément.

J'ai rajouté la cale du Vieux-Bréhec et l'ancien Hôtel de la Plage pour mieux situer. La carte indique l'existence d'une retenue d'eau qui commence vers l'entrée du village en venant de Lanloup et suit une parallèle le long du ruisseau Kergolo ce qui correspond à la description d'une zone humide à cette époque. Il est intéressant de noter que l'étude du patrimoine mentionne la destruction du moulin déjà en ruine vers 1880-1890. Je peux affirmer que celle-ci n'est intervenue que plus tard, vers 1910, au moment des premières constructions côté droit face à la mer. En effet, nous avons une trace de ce moulin grâce à Armand Waron. Lorsqu'il vient à Bréhec en 1909-1910, la carte référence 5585 montre une vue du terre-plein, des habitations côté Plouézec, et du premier Hôtel de la Plage sur le front de mer. Derrière ce dernier à gauche, une ruine, qui d'après son emplacement correspond au moulin inscrit sur le plan cadastral.

Le recensement de Plouézec de 1872 inscrit Yves Rabin et sa femme Marie, née Julon comme habitant à Bréhec. Ils sont alors tous deux âgés de 70 ans (les données de 1876 permettent de voir qu'il est né en 1801, et elle en 1802) et les seules personnes de cette tranche d'âge parmi les trois foyers recensés. Hypothèse, Yves Rabin aurait-il été le dernier meunier de Bréhec? Son âge concorderait et pourrait expliquer sa présence à Bréhec à une époque où le moulin fonctionnait encore.

Familles nobles de Bréhec (lieux-dits Kerdreux, Kerhardy, Kerjolis)
Une telle étude historique dépasse le cadre de ce site Web. Ceux qui souhaitent trouver des informations sur ce sujet peuvent consulter le site Web Info Bretagne à partir de sa page sur Plouha ici. L'article de René Couffon, Quelques notes sur Plouha, mentionné infra dans la bibliographie, comporte également un historique très complet, et notamment sur celui de la chapelle Sainte-Eugénie.

Chapelle Sainte-Eugénie
Le panneau installé sur la chapelle lit :
Édifiée au XVe siècle grâce aux dons des habitants de Bréhec, elle était desservie jusqu'à la Révolution par les moines de l'abbaye de Beauport. Le pignon ouest fut restauré en 1870 par les soins de l'Impératrice Eugénie. Elle possède à l'intérieur trois rétables restaurés dans les années 1990. À l'extérieur, sur le pignon est, figurent les armes des Quellenec. Au-dessus de la porte latérale un angelot soutient les armes des Kernevenoy. En contrebas, une fontaine a la réputation de soigner les maux d'yeux.


Si sainte Eugénie, vierge ayant subi le martyre à Rome en 257, est officiellement la patronne de la chapelle, la tradition locale veut que la sainte priée par les pélerins et les natifs du coin soit en fait sainte Touine, Santez-Twina-ar-Mor en breton, dont les origines seraient celles d'une princesse galloise devenant religieuse par chagrin d'amour, débarquant à Padel au Ve siècle. Elle prend le chemin de Kerhardy, arrive à la fontaine et lui donne le pouvoir de soigner les yeux et les oreilles. Déjà en 1899, et avec une erreur d'attribution de la territorialité de la chapelle, la Revue des traditions populaires dans son article Le Culte des fontaines, Tome XIV, n⁰ 11, mentionne page 602 : « En Basse-Bretagne, des sources sont réputées pour assurer des grossesses favorables. Les femmes se rendent à la fontaine de Sainte-Pompée (Santez-Coupaïa) au bas du bourg de Langoat (Côtes-du-Nord); à Lanloup, on trempe dans la fontaine de Sainte-Thouine le linge de corps de la personne enceinte.». Pour de plus amples informations, voir l'article de Louis Dagorn, La Chapelle de Sainte-Eugénie en Plouha, Les carnets du Goëlo, n10, 1994, qui relate un entretien avec Pierre Le Soaz, natif de Bréhec. La sainte possède depuis 2018 sa statue sur le site de la Vallée des Saints (Traoñienn ar Sent) à Carnoet, sculptée par Kito, Plouézécain d'adoption (photo © Jean-Luc Bailleul). En complément, le n⁰ 30 des carnets du Goëlo de 2014 contient un article du sculpteur Jean-Paul Le Buhan, Twina et Eugénie, mémoire celte et tradition romaine qui vous en dira plus sur l'histoire de la chapelle.

Évolution historique
En ce qui concerne l'histoire de Bréhec per se, il est très difficile de raconter l'évolution du village par manque de sources historiques. Je me contente donc de reprendre encore une fois verbatim le dossier de 2002 cité précédemment dans la section 'géographie' pour un aperçu des XIXe et XXe siècles dans une description qui est toujours d'actualité 20 ans après. Plus tard, l'idée est de rajouter une page dédiée sur les hôtels, ainsi que sur la construction de la digue et ses altérations ultérieures.

Première carte postale de Bréhec par Jean-Baptiste Barat en 1903
Histoire d'un aménagement : le port de Bréhec
L'aménagement du port de Bréhec constitue presque une épopée dans la longue marche des procédures de l'Equipement et des réclamations répétées des marins et de la municipalité de Plouézec, depuis la première demande communale formulée en 1848. En 1848, Monsieur Le Saulnier de Saint-Jouan, riche propriétaire terrien, émet le voeu de voir se construire une jetée pour protéger les bateaux qui, lourdement chargés de maërl, manoeuvrent avec difficulté dans l'anse de Bréhec. Si le projet initial prévoyant une construction de 200 m de long doit être abandonné (les communes avoisinantes refusant de financer une partie des travaux), la jetée sera tout de même achevée, à la suite d'allongements et d'élévations successives, en 1866.
1853: Le Conseil général, le Conseil d'arrondissement et les communes réclament d'urgence un débarcadère à Bréhec.
1856: les marins des 11 communes des cantons de Plouha, Paimpol et Lanvollon réclament l'élargissement du chemin d'axés à la grève pour charger les sablons.
En 1858, pétition des marins de Tressignaux, Lanvollon, Gommenech, Tremeven, Lanleff, Pleguien, Lannebert demandent la construction d'une jetée convenable pour mieux abriter les bateaux transportant des engrais marins, de première nécessité pour le développement agricole des communes situées plus à l'intérieur des terres. Ces sables coquilliers mêlés au maërl sont dragués à marée basse près des îles Saint-Quay, dans le chenal de Ferlas au sud de Bréhat, apportés à Bréhec au plein de la mer, aussitôt déchargés, sans pouvoir être stockés, pour qu'ils s'égouttent et soient à la disposition des cultivateurs, qui viennent de plusieurs dizaine de km avec leurs attelages. Une aire de dépôt est indispensable, à l'abri de la marée... La commodité de la baie de Bréhec est liée aux pentes d'accès qui y sont très douces.
Une première jetée
La 1ère construction d'une jetée submersible sera reçue en 1857, réalisée par Joseph Mahé, entrepreneur. Mais cette courte jetée de 50 m, construite pour abriter les dépôts de sable calcaire dans la baie a considérablement développé le trafic. Des gabarres de 10-15 m viennent s'échouer derrière le môle. Les emplacements s'avérant insuffisants, on a prolongé la jetée de 17 m en 1861 - Nouvel essor du trafic des navires borneurs déchargeant leurs engrais marins, par l'ouverture de nouveaux chemins vicinaux vers la baie. Il faut en outre déplacer deux ruisseaux qui divisent et ennoient le dépôt. Le moulin de la grève gène aussi ces travaux et l'extension du dépôt.
1861 : dessin de la nouvelle digue de Bréhec par les ingénieurs Dujardin et de la Tribonnière. La jetée rectiligne de 50,50 m de long a été prolongée et exhaussée pour la rendre insubmersible. Le nouvel ouvrage englobe le jetée submersible existante, dont le parement extérieur est conservé. Un socle de 5,27 m de large. Des moellons bordés avec du ciment de Portland. Des échelles de sauvetage en fer rond. Mais on remarquera l'absence de musoir.
1863 : expropriation des terrains pour agrandissement du dépôt.
1865/66 : achèvement des travaux de la nouvelle jetée insubmersible de 63 m de long, dessinée par l'ingénieur Dujardin et construite par l'entrepreneur Julien le Saulnier Saint-Jouan, armateur de Binic.
1873 : demande refusée d'établissement d'un fanal sur le musoir de la digue pour les pêcheurs. Le projet de classement du clocher de Plouézec comme amer avait été rejeté en 1852-53.
1874: les marins demandent le prolongement de la digue actuelle.
1889: demande du conseil municipal de Plouézec d'un quai avec chemin d'accès à la digue-abri, pour améliorer les conditions de transport des engrais marins à Bréhec et à Port Lazo (demande refusée par le ministre des travaux publics). Argumentation : les communes voisines de Bréhec sont distantes de 9,5 km pour Paimpol. Le bourg de Plouézec est à 4 km de Bréhec.
Des tailleurs de pierre à la nouvelle plaisance
1889 : premières concessions et installations de tailleurs de pierre sur le placître de Bréhec, appartenant aux Ponts et Chaussées. Les demandes de concession sur le DPM pour la taille de pierre vont affluer pendant la 1ère moitié du 20e siècle. Les cabanes jouxtent le bureau des douanes, installé sur la grève et entravent le passage des piétons entre Plouha et Plouézec. Un aqueduc dallé canalisant le ruisseau de Kergolo, qui fixe les limites des deux communes. De 1881 à 1892, la station de Bréhec compte seulement 30 navires de quelques tonneaux, armés à la petite pêche et au bornage. Le mouvement des gabarres est plus important. Cependant, il faudra attendre la 2ème moitié du 20e siècle pour que des travaux importants inaugurent un quai neuf, une cale et un grand terre-plein autour du port de Bréhec, alors que la plaisance et le tourisme balnéaire font le plein de la station, et que les bateaux de pêche et les borneurs ont déserté depuis longtemps le havre de Bréhec. Le moulin de la grève, qui commençait à décrépir, a été démoli pour remblayer cette ancienne zone humide. La carte postale du port avec son célèbre viaduc de Harel de La Noë inaugure la nouvelle station balnéaire de Bréhec dans les années 1950, avec ses premiers immeubles à 3 étages, l'Hôtel de la plage et de la Maison blanche. Aujourd'hui, le port de Bréhec abrite de avril à octobre une trentaine de bateaux de plaisance. La capitainerie a remplacé l'ancien poste des douanes. Une école de voile s'est implantée dans l'avant-port. Les hôtels de la Belle époque ont disparu, pour laisser la place à de petits immeubles de vacances et à quelques cafés.

Carte postale de Marie Hamon en 1905. Encore aucune construction sur le front de mer.
Faits-divers
Je passe sur les faits-divers des cent dernières années, au final peu fréquents pour Bréhec et Lanloup, et relatant essentiellement des tragédies telles accidents, naufrages et noyades, ou parfois des actes sordides comme l'infanticide d'un nouveau-né ou le passage à tabac d'une femme par son époux, pour revenir sur le seul fait-divers qui a marqué l'histoire relativement récente de Bréhec, à savoir le plasticage de la villa du commissaire Le Taillanter (1925-2005) le mercredi 30 mai 1979.
La fameux commissaire, dont la renommée à ce moment-là est due à ce qu'il est également auteur de romans policiers à succès, à cette époque la série des Paris sur (vice, crime, drogue...) car l'Inspecteur Jobic arrivera plus tard, s'est fait construire une villa sur la hauteur de Bréhec à Kerguen, où il comptait passer une retraite bien méritée. Il dirige alors le S.R.P.J., service régional de la police judiciaire, de Rennes depuis 1974 et s'occupe, notamment, de la lutte contre le Front de libération de la Bretagne - Armée révolutionnaire bretonne (F.L.B.-A.R.B.), surtout après l'attentat de juillet 1978 au château de Versailles. Pour décrire le contexte, il faut savoir qu'en cette année 1979, vingt-trois militants autonomistes doivent être jugés par la Cour de sûreté de l'État en juillet pour une pléthore de chefs d'accusation : association de malfaiteurs, atteinte à l'intégrité du territoire, vols, recels d'armes et de munitions... Précédemment, le commissaire avait reçu des menaces de mort en février 1978 : « Wanted Le Taillanter mort ou vif», « Bourreau Le Taillanter... la résistance bretonne vous condamne à la peine de mort pour appartenance à la Gestapo française... » (source Le Monde).
Ce mercredi de la fin mai, un commando au nom de Trawalc'h (« Assez »), composé de quatre hommes armés et masqués, fait irruption dans la villa, baillonne et ligote, puis jette dans une fosse à ordures Madame Le Taillanter, laquelle sera en incapacité de travail six mois pour « choc nerveux » et, souffrant d'anxiété par la suite, ne voudra jamais revenir à Bréhec. Le commando fait alors sauter la maison peu après midi à l'aide d'explosifs reliés à une bouteille de gaz et une minuterie. Soufflée par l'explosion, il n'en reste pas grand-chose et les pompiers de Paimpol doivent intervenir pour circonscrire l'incendie. Le F.L.B. revendique l'attentat par un appel téléphonique passé au bureau de l'A.F.P. de Rennes. Ce fut la première fois que le F.L.B. s'attaquait directement à la police, d'où le retentissement causé par cette affaire au niveau national à l'époque. Ce choc fut également local qu'un acte d'une telle violence puisse survenir dans un village normalement si tranquille. L'acte ne devant pas resté impuni, la police et la gendarmerie procèdent à une opération conjointe contre le F.L.B. le 2 juin, suite à quoi le 3 juin cinq militants Bretons, dont le coordonnateur présumé du commando, sont déférés à la Cour de sûreté de l'État. Il seront jugés puis condamnés en octobre 1979. Les membres du commando bénéficieront d'une amnestie présidentielle accordée par le président François Mitterrand en 1981, quelques mois avant le départ à la retraite de Roger Le Taillanter qui s'installe alors dans la région de La Rochelle. Quant au F.L.B., il sera en activité une trentaine d'années, jusqu'en 2000. La mort d'une innocente, jeune employée du McDonald de Quévert dans la banlieue de Dinan, un attentat terroriste non résolu dont le F.L.B.-A.R.B. sera plus tard blanchi, est le point de départ de son renoncement à la lutte armée et de l'arrêt de son activisme, certains militants rejoignant alors l'Union démocratique bretonne (U.D.B.).


Carte-postale © Landouar dans les années 1970. Un cercle rouge souligne la seule carte connue montrant cette villa.
Lanloup
En ce qui concerne l'histoire, celle de Lanloup est suffisamment illustrée par divers ouvrages et sites Web pour ne pas vouloir réinventer la roue. Je me contente donc d'un paragraphe sur l'église Saint-Loup et de commenter quelques aspects de l'histoire du bourg. Pour le reste, le lecteur pourra trouver de nombreuses sources d'information en consultant l'article très complet de René Couffon (dont la description de l'église est extraite), le livre d'Alain Le Nerrant sur la période de la Révolution infra, ainsi que les deux sites de Jean-Yves Rolland ci-dessous, le clic de la souris ouvrant une nouvelle fenêtre :
Quelques notes sur Lanloup - http://gallica.bnf.fr
Blog de Jean-Yves Rolland (beaucoup à lire) - http://lanloup.over-blog.com
Histoire de Lanloup sur Info Bretagne - http://www.infobretagne.com/lanloup.htm
Article de Roger Courland sur Lanloup - Ouest-France, 1989.

Église Saint-Loup, classé au Monuments Historiques en 1910
L’église de Lanloup est de style gothique et date du XVe siècle, sans que l’on connaisse la date exacte de son édification. Elle fut remaniée plusieurs fois au XVIIIe siècle. Le porche sud construit vers 1550 à l’emplacement de l’ancienne chapelle dédiée à saint Gilles abrite les statues des douze apôtres avec leurs attributs. Les quatre évangélistes sont disposés aux quatre coins, reconnaissables par leurs attributs du tétramorphe. Une vierge polychrome du XIVe siècle domine la porte d’entrée de l’église. Ce porche est surmonté de la chambre du conseil de fabrique. À l’extérieur, le porche est orné par un double bandeau de feuillage surmonté d’une niche abritant la statue de saint loup. De part et d’autre des deux contreforts qui soutiennent le porche siègent les statues de saint Loup à gauche et saint Gilles à droite. Le porche a la particularité de posséder des « boîtes à chef », appelées aussi « boîtes à crâne », contenant les crânes de personnalités de la paroisse. Cette tradition destinée à honorer la mémoire de défunts importants fait suite à l’interdiction d’inhumation dans le sous-sol des églises, comme c’était le cas depuis le moyen-âge, prise le 16 août 1719 par arrêté du parlement de Bretagne dans le but de limiter la propagation des épidémies.
Le calvaire, initialement du XVIe siècle fut restauré en 1758 comme l’indique une date gravée sur le fût. Il représente le Christ en croix entre Marie et saint Jean.
L’intérieur de l’église recèle une statuaire riche et abondante. Cette collection bénéficia du transfert de statues issues de la désaffection de la chapelle Sainte-Colombe, aujourd’hui restaurée. L’église dispose d’une nef, d’un transept et de deux chapelles latérales, dont une abrite les fonts baptismaux en granit. Le maitre-autel est entouré d’un retable du XVIIIe siècle où figurent les statues de saint Loup et de saint Gilles de part et d’autre d’un tableau de Jésus prêchant à la foule. saint Yves et saint Nicodème sont également présents de chaque côté de l’autel. Dans l’église sont visibles les statues anciennes de saint Guillaume (évêque), saint Blaise, saint Yves, saint Mathurin, sainte Anne et celles plus récentes de saint Joseph, Notre-Dame de Lourdes, saint Antoine de Padoue, le Sacré-Cœur, la Vierge et l’Enfant, sainte Thérèse de Lisieux, Notre-Dame de Bon Voyage. Dans la chapelle du Rosaire, les statues de sainte Apolline et saint Éloi trônent sur le retable et par ailleurs sainte Bernadette est représentée.
Issues de la chapelle de Sainte-Colombe, les statues de sainte Colombe et de saint Therizien ont rejoint l’édifice. La statue de saint Therizien (ou saint Therezien) en bois polychrome du XVIIe siècle est unique en Bretagne et fut vraisemblablement commanditée par un recteur de Lanloup portant le nom de famille Therezien, courant dans la région du Goëlo. Ce saint d’origine Galloise est mentionné comme évêque du Yaudet au VIe siècle.
L’église possède des tableaux remarquables dont celui représentant une crucifixion, daté de 1634 et attribué à Georges Le Tourneur, où figurent l’effigie des donateurs le seigneur Guillaume de Lanloup et sa femme Françoise du Perrier. Ce tableau est classé monument historique depuis 1911.
Les vitraux sont abondamment colorés et représentent sainte Colombe et saint Loup, saint Mathurin et saint Roch, le baptême de Jésus par saint Jean-Baptiste et l’œil de Dieu.
Note : les cloches de l'église (350 et 500 kg) ont bénéficié d'une restauration fin 2019, effectuée par l'entreprise Alain Macé de Trégueux avec une réparation des anses et un sablage au Pays-Bas. La plus petite fut fabriquée à Villedieu-les-Poêles à la fonderie Cornille-Havard en 1951, la plus grosse datant de 1853, fondue à Morlaix par l'entreprise Briens père et fils.
Points saillants
Lanloup possède son blason qui se lit D'azur aux six annelets d'argent ordonnés trois, deux, un. Si l'azur est évident pour rappeler la mer, je ne peux dire pourquoi six annelets. En héraldique, les annelets se retrouvent souvent en nombre. Leur symbolique est qu'ils représentent les anneaux des anciens chevaliers en tant que marque de grandeur, de noblesse et de juridiction. Ce blason ancien se retrouve sur le porche de l'église de Lanloup, mais aussi sur une tombe aux armes des seigneurs de Lanloup à Trégomeur, ainsi que sur les armes de Guillaume de la Noë, sieur de La Ville-Cades.

Un trait remarquable de Lanloup est sans nul doute l'existence du plus ancien registre paroissial sur parchemin de tout le département des Côtes-d'Armor (photo © Jean-Yves Rolland), mais aussi le troisième plus vieux de France après ceux de Givry en Saône et Loire (1303-1357) et de Roz-Landrieux en Ille et Vilaine (1451-1528). Le premier feuillet consacre un acte de baptême du 24 août 1467 et le dernier feuillet date de 1505. Les fascicules suivants reprennent les notifications d'acte de baptême en 1580, le curé de l'époque, François Le Cornec, menaçant d'excommunication toute personne impie n'en prenant pas soin en page de garde ! Elles sont ininterrompues jusqu'à la Révolution lorsque l'état civil devient alors la responsabilité des communes, les premiers enregistrements conservés des mariages, naissances et décès pour Lanloup datant de 1793, signés par Guillaume Sallou, deuxième maire du village et également son curé.
L'acte du 24 août 1467 n'est pas entièrement lisible par suite du mauvais état de ce premier feuillet. En revanche, l'acte suivant du 25 août peut être retranscrit, sa forme se répétant d'un bout à l'autre du registre :
« Theoffania, filia naturalis et legitima Yvonis le Sant et Marie Rollandi sue uxoris, de parochia de Plouaha, Briocensis diocesis, fuit per me Guillelmum Mat, presbiterum et curatum de Lanloup, in eglisia ejusdem loci de Lanloup, die et anno infrascriptis, baptizata, et tenuerant eam ad sacros fontes et fuit compater Robertus Pezoni, et commatres fuerunt Theoffania le Picart et...(prénom de la seconde marraine illisible) le Manach. Datum et actum die martis vicesima quinta mensis augusti, anno Domini millesimo cccc⁰ sexagesimo septimo. (Signé :) G. Mat, presbiter. ».
[Est baptisée Théophane, fille naturelle et légitime d'Yvon Le Saint et Marie Rolland son épouse, de la paroisse de Plouha, diocèse de Saint-Brieuc, par moi Guillaume Mat, prêtre et curé de Lanloup, dans l'église également du lieu Lanloup, en ces jour et année inscrits ci-dessous, et l'ont ainsi tenue et parrainée le parrain Robert Pezon et les marraines Théophane Le Picart et (prénom illisible) Le Manach. Daté et ainsi fait ce jour de mardi vingt-cinquième du mois d'août, année sainte mille-quatre-cent-soixante-sept. G. Mat, prêtre.]
Vu le rôle joué par les parrains et marraines, et la faible espérance de vie au Moyen Âge, il est de coutume à cette époque de donner deux parrains et une marraine aux garçons, et deux marraines et un parrain aux filles.
Au niveau de l'étymologie, les différents actes de ce registre mentionnent soit Lanloup, soit Saint-Loup (Sanctus Lupus). Quant à Plouha, on retrouve dans ce latin moyenâgeux tantôt Plouaha, tantôt Plouazha. L'étymologie de cette dernière semble provenir du nom du chef des émigrants gallois qui fondent la paroisse (ploe/ploue) au Ve et VIe siècle et qui se serait appelé Adda (Adam en gallois), Aza ou Azha.
C'est René Couffon (1888-1973), spécialiste du patrimoine bas-breton, né à Lorient mais dont la famille était originaire de Plouha, qui signala ce caractère remarquable en 1924. En 1925, son article Quelques notes sur Lanloup est publié dans la revue Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, vol. 56 (1925), pp. 34-104, consultable sur Gallica (URL ci-dessus) dont il fut vice-président. L'année suivante, à la requête de François Merlet, conservateur, le conseil municipal prit la décision de confier ce registre aux archives départementales dans sa délibération du 1er août, avec un transfert effectif en 1927. Ayant acquis une renommée nationale et utilisé pour certaines expositions dont celle au palais Soubise intitulée Histoire de l'état civil du XVe au XIXe siècle en 1959, il fit l'objet d'une restauration très soignée et à l'identique des techniques du Moyen Âge en 1987 sous l'égide d'Alain Droguet, alors directeur des archives départementales. Notons que le maire en 1926 est Pierre Le Cornec, tandis que curé en 1580 s'appelle François Le Cornec et le premier maire de l'époque révolutionnaire, Claude Le Cornec. Une longue histoire entre Lanloup et la famille Le Cornec ! René Couffon poursuivit son étude de la région avec Quelques notes sur Plouha publiées en 1929, qu'il est également possible de consulter en ligne sur Gallica ici.

Dessin de René Couffon réalisé lors de sa villégiature à Bréhec en 1924
La Grande guerre
M. Guinard, que l'on retrouve dans L'Ouest-éclair nommé instituteur à Lanloup en 1910, écrit une note en juillet 1919 sur l'histoire locale de la guerre en fiches thématiques (© AD 22, côte 1 T 402). Il raconte la vie à Lanloup durant de ces années et mentionne les blessés et ceux tombés au champ d'honneur natifs du bourg, des noms bien connus tels Le Bitter, Le Cornec, Allainguillaume, Ollivier, Le Boubennec, Menguy... Cliquer sur chaque image pour l'afficher en grand, puis afficher plein-écran ou zoomer avec les icônes de droite pour en faciliter la lecture si besoin est.
Pour la Bretagne des cinq départements, le nombre de morts et de disparus s'élève à 130 813, soit 22% des mobilisés.
Après la Première guerre mondiale, un monument aux morts fut érigé devant la chapelle Saint-Roch, puis inauguré le dimanche 23 avril 1922. L'hebdomadaire Le Moniteur des Côtes-du-Nord du 29 avril rapporte : « M. l'abbé Guézou, recteur, a chanté la grand'messe. M. l'abbé Lec'hvien, vicaire à Plouézec, un combattant de première ligne, a prononcé un beau discours breton glorifiant les morts de la commune. L'absoute solennelle a été donnée par M. le curé-doyen de Plouha. Après la messe a eu lieu l'inauguration du monument. Des discours fort applaudis ont été prononcés par MM. Le Cornec, maire; Epert, président d'une association locale; Le Calvez, conseiller d'arrondissement; Jouvelin, conseiller général et Victor Le Guen, député. Un banquet, auquel assistaient tous les maires du canton, a été ensuite parfaitement servi chez M. Jégou, au bourg. ».
Émile Hamonic en prend un cliché vers la fin des années 20 (référence 7625).
Sa structure est celle d'un pilier commémoratif sous forme d'obélisque sur socle, pot à feu au sommet, feuilles de laurier entrecroisées, croix latine et entourage de bornes avec barres. Le matériau utilisé est le granite.
Y figure l'inscription À nos enfants morts pour la patrie.
Les noms commémorés en lettres rouges sur plaque de granite gris foncé sont:
BOLLOCH Jean François
BOUBENNEC Joseph
BROCHER Joseph
CALVEZ Jean
EOUZAN Auguste
GÉRARD Eugène
GÉRARD Pierre
JAME Jules
JÉGOU François
LE BITTER Joseph
LE BITTER Édouard
LE CORNEC Yves
LE CORNEC François
LE CORNEC Joseph
LE COZ Allain
LE ROUX Pierre
LE ROY Jean
OLLIVIER Pierre
PIERRE Jean
TANGUY François
Une plaque de marbre blanc et lettrage en rouge commémore les quatre tués ou disparus au cours de la Seconde guerre mondiale:
BITTER Ange
GUYOMARD Jean
LE CORNEC Joseph
QUÉHEC Joseph (fiche au Mémorial national des marins morts pour la France ici)
L'arrivée du téléphone
C'est une carte postale d'Armand Waron, ci-dessous, du début des années 30 (1931 d'après mes recherches et la circulation avérée) qui m'a intrigué car l'exemplaire trouvé doit représenter la première carte publicitaire de Bréhec.

Elle existe également sous la même référence mais sans la mention « offert par l'Hôtel de la Plage ». Comme vous le voyez, le numéro de téléphone de l'hôtel est le 1 à Lanloup ! J'ai donc consulté les journaux de l'époque et je suis tombé sur une coupure de presse qui me permet de dater précisemment la date de l'arrivée du téléphone à Lanloup. L'article paru dans L'Ouest-éclair du 16 août 1923 annonce :
Le double service télégraphique et téléphonique fonctionnera à Lanloup, à Buhulien et à Couennec, à partir du 16 août 1923. La taxe de 0 fr. 50 pour les conversations; 0 fr. 75 pour les avis d'appel; 1 fr. 50 pour les messages, sera applicable dans les relations entre :
1⁰ Lanloup, d'une part; Plouha, Pléhédel, Etables, Binic, Saint-Quay, Plourhan, Paimpol, Bréhat, Plouézec, Ploubazlanec, Loguivy-Ploubazlanec, Plourivo et Yvias d'autre part;
2⁰ Buhulien et Caouennec, d'autre part; Lannion, Rospez....(NDLR : liste d'endroits) d'autre part.
À cette époque, le service requiert l'existence d'un standard et d'un opérateur ou d'une opératrice, puisque le premier central téléphonique automatique est mis en service à Paris en 1928, exemple que la province ne suivra que beaucoup plus tard. À cette occasion, on installe chez les particuliers le premier appareil pourvu du cadran rotatif à dix trous ronds qui permet de composer les numéros, lesquels comportent des lettres, sauf sur le 1, afin de faciliter l'identification des trois premières lettres du central. Ainsi, celui des Invalides, INV, a le numéro d'indicatif 468, et l'abonné reçoit 1, 2, 3 puis 4 chiffres pour son numéro personnel au fur et à mesure des attributions. Pendant longtemps, on demande alors à l'opérateur le numéro « Invalides 1-2-3-4 » pour être mis en rapport avec l'abonné.
Au niveau de Lanloup, le téléphone est donc encore cet objet simple qui ne comporte qu'un microphone et un écouteur, un levier qui permet de décrocher/racrocher, et une cloche électromécanique de signal d'appel. L'ouvrage de Pierre Aulas, Les origines du téléphone en France : 1876-1914, Association pour le Développement de l'Histoire Économique, 1999, mentionne page 228 que « la grande majorité des centraux se trouvaient dans les campagnes et étaient de dimensions extrêmement réduites, généralement une table avec un jeu de fiches disposées au-dessus. Le rôle de la téléphoniste était rempli par le postier ou sa femme, voire même par le petit quand les parents étaient occupés ailleurs. ». Lanloup n'ayant pas de bureau de poste, c'est dans un café depuis longtemps disparu, le Débit de Boissons Veuve Mevel que fut installé le premier central téléphonique. Jusqu'à l'installation de la cabine et le transfert du central au Café de la Place chez Madeleine Le Pape, lorsqu'elle reprend le commerce en 1960/61, tenu auparavant par Madame Le Banner (elle-même succédant à Madame Thomas), c'est Marie Mevel (née Kernavanois) qui fait office de « demoiselle des P et T ». Ce café se situait en face l'ancienne boucherie de Jean Le Gall, mitoyen avec l'épicerie de Thérèse Menguy et le magasin du cordonnier/sabotier François Guyomard (qui était également sacristain). Le café deviendra une charcuterie quelques temps, qui fera faillite, et le bâtiment laissé à l'abandon finira par être détruit.

Carte postale des éditions Combier, édition Veuve Mevel, circa 1928-1932
Les souvenirs des Lanloupais me permettent d'étayer ce paragraphe. Marie Goulier se rappelle que les premiers téléphones installés chez les particuliers le furent en 1964. Véronique Tijana, petite-fille du boucher Jean Le Gall (1907-1988), qui fut également maire de Lanloup, se souvient d'un téléphone sur un gros support mural en bois installé dans la boucherie : « lorsqu'on voulait passer un coup de fil, on tombait sur Madeleine Pape, du café-alimentation, qui faisait suivre l'appel » (NDLR : la tradition est de ne pas prononcer le « Le » du patronyme). Pascal Quéhec, également petit-fils d'un ancien maire de Lanloup, Job Quéhec (1889-1965), se souvient qu'à la fin des années 60, début des années 70, « il fallait aller chez Madeleine pour passer un appel ou se faire appeler à la cabine téléphonique située à l'entrée du magasin ». Le Café de la Place était également l'endroit qui servait à réceptionner les télégrammes d'embarquement adressés aux marins en congé, une époque où de nombreux Lanloupais travaillaient encore dans la marine marchande. Pascal précise : « Jean Jouan qui habitait au Halte-là faisait le « taxi breton » et se chargeait de les amener à leur port d'embarquement ».
Chose difficilement concevable aujourd'hui pour les jeunes générations, il faut savoir que les statistiques disent qu'en 1974, seul 1 Français sur 7 dispose du téléphone chez lui ! Les publicités de la brochure de 1971 du syndicat d'initiative, Paimpol, pays de Goëlo, indiquent que les numéros de téléphone sont encore entre 1 et 3 chiffres à cette période. Par exemple, les Meubles Jacob, le 3.90; Le Lionnais Marine, le 6.57; les anciens abonnés ayant encore leur numéro à 1 chiffre, comme les Établissements Guillou (cidre), le 3 à Paimpol; ou encore le Grand Hôtel du Port et de Bellevue, le 1 à Bréhat. Pareil pour Plouézec, le libraire, Monsieur Chailleux, ayant le 1.46. C'est le président Giscard d'Estaing qui lance une grande campagne dès son arrivée au pouvoir durant laquelle la France s'équipe massivement et le réseau se modernise. Une fois les centraux téléphoniques devenus automatiques partout, les numéros sont standardisés à 6 chiffres (7 à Paris). Ils passent à 8 chiffres le 25 octobre 1985, avec un indicatif qui attribue deux chiffres aux centraux téléphoniques (96 pour les Côtes-d'Armor), puis à 10 chiffres le 18 octobre 1996 avec le rajout d'un indicatif découpant la France en cinq (02 pour la Bretagne) et l'arrivée du 06 pour les téléphones portables.
Pour en revenir à l'histoire de Lanloup et de Bréhec, l'Hôtel de la Plage est donc le premier établissement à obtenir le téléphone, ce qui correspond à sa classification d'hôtel plus luxueux que les autres établissements de Bréhec à l'époque. Par exemple, il offre à ses clients l'usage d'un court de tennis jusque vers la fin des années 50, début des années 60, là où se trouve le parking des appartements actuels (voir la section 1951-1960 du site) ; une époque où ce sport reste encore un sport élitiste. L'examen des annonces parues dans les journaux permet de déterminer que l'Hôtel de la Maison Blanche reçoit le 2 à Lanloup, tandis que l'Hôtel de la Mer reçoit le 4. Si l'Hôtel de la Plage est équipé d'un téléphone dès 1930, et peut-être même un peu avant, les premières annonces mentionnant le 2 à Lanloup datent de 1937, et celles du 4, de 1939. Je n'ai pas retrouvé de trace du 3 dans les annonces des années 30 publiées par les hôtels Beau Rivage, Guillerm (devenu Bellevue) ou À l'abri de la tempête. Le numéro était peut-être en service à Lanloup, le 3 à Plouha étant celui du Docteur Adam.


Annonce de l'Hôtel de la Mer parue dans le journal L'Intransigent du 4 juin 1939


Annonce de l'Hôtel de la Maison Blanche parue dans le journal L''Aurore du 23 mai 1950
Pour ceux qui souhaitent se pencher plus avant sur l'histoire de Lanloup, je conseille la lecture des sites de Jean-Yves Rolland mentionné supra. Vous y trouverez des billets sur le château Ropartz, la chapelle Sainte-Colombe, celle de Saint-Roch, la fontaine de saint Golven... et plus encore.
Deux ouvrages toujours disponibles ont également été publiés :
Abbé Jean Le Floc'h, Lanloup, un passé, une histoire..., réédition de Jean-Yves Rolland et l'association Mein-Kohz du fascicule original de 1970.
Alain Le Nerrant, Lanmor: Chronique de Lanloup, village de Goëlo pendant la grande Révolution, Impr. du Cicero, mars 1989, ISBN 2-95503504-1-0.

L'ouvrage d'Alain Le Nerrant est en vente au prix de 22 € ; je me renseigne sur les modalités d'achat. Quant au fascicule de Jean Le Floc'h, qui fut curé de la paroisse de 1968 à 1971, sa réédition est disponible au prix de 5 € à la mairie de Lanloup, ou par correspondance en contactant lanloup@live.fr et en ajoutant 2,50 € pour les frais de port. Chèque à l'ordre de Association Mein-Kohz, 6 Run-Ar-Vilin, 22580 Lanloup.
Enfin, la belle église de Lanloup des XVe et XVIe siècles a son histoire relatée dans un fascicule très illustré de 24 pages, Église Saint-Loup, un autre regard, de Danielle et Marcel Gabaud, publié en 2005. J'ignore la disponibilité de cet ouvrage à l'heure actuelle. Que les auteurs prennent contact pour confirmer, s'ils me lisent.

Je souhaite terminer cette page en vous présentant le poème réalisé par Martine Maillard (site Web ici), vacancière fidèle à Bréhec qui a publié plusieurs recueils de poésie, dont le dernier La Quête en 2019, et qui a produit un très joli calligramme sur Bréhec. Cliquez pour l'agrandir.

Et pour ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir habiter à Bréhec ou Lanloup, je vous laisse avec ceci !


Bibliographie sélective (APA)
Chapuis, O. (1999). A la mer comme au ciel : Beautemps-Beaupré & la naissance de l’hydrographie moderne, 1700-1850 : l’émergence de la précision en navigation et dans la cartographie marine. Presses Paris Sorbonne.
     
Couffon, R. (1925). Quelques notes sur Lanloup. Bulletins et mémoires. Société d’Emulation des Côtes-du-Nord, 56, 34‑104.
     
Couffon, R. (1929). Quelques notes sur Plouha. Bulletins et mémoires. Société d’Emulation des Côtes-du-Nord, 60, 131‑242.

Dagorn, L. (1994). La chapelle Ste-Eugénie en Plouha. Les carnets du Goëlo, 10.
     
Falc’hun, F. (1948). Toponymie nautique des cotes bretonnes. Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 55(1), 108‑120.
     
Habasque, F.-M.-G. (1832). Notions historiques, géographiques, statistiques et agronomiques sur le littoral du département des Côtes-du-Nord. Vve Guyon.

Joanne, P. (1890). Dictionnaire géographique et administratif de la France. Imprimerie impériale.

Le Buhan, J.-P. (2014). Twina et Eugénie, mémoire celte et tradition romaine. Les carnets du Goëlo, 30.

Le Gonidec, J. F. M. M. A. (1821). Dictionnaire celto-breton ou breton-français. F. Trémeau et cie.

Le Gonidec, J. F. M. M. A. (1850). Dictionnaire breton-français précédé de sa grammaire bretonne. L. Prud'homme.

Le Nerrant, A. (1989). Lanmor : Chronique de Lanloup, village de Goëlo, pendant la grande Révolution. Impr. du Cicéro.

Mevel, X., Fichou, J.-C., & Hénaff, N. L. (2006). Phares : Histoire du balisage et de l’éclairage des côtes de France. Glénat.  

Ogée, J. (1843). Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne (Vol. 1). Molliex.
     
Ogée, J. (1845). Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne (Vol. 2). Molliex.
     
Prigent, G. (1999). Pêche à pied et usage de l’estran. Éditions Apogée.

Reynaud, L. (1864). Mémoire sur l'éclairage et le balisage des côtes de France (Vol. 1). Hachette.
     
Ters, F. (1955). Toponymie nautique des côtes bretonnes (le Trieux-Bréhat-Paimpol). Annales hydrographiques, 1383, 69‑75.

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